Crise politique en Allemagne : Olaf Scholz relance des projets et cherche à gagner du temps

Le gouvernement Scholz n’a plus de majorité au Bundestag depuis que le chancelier a limogé le ministre des Finances. L’Allemagne se fait lentement à l’idée de nouvelles élections sans savoir quand, car le parti au pouvoir freine face à la popularité de l'opposition.
Article rédigé par David Philippot
Radio France
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Olaf Scholz, le 8 novembre 2024. (FERENC ISZA / AFP)

Entre les deux principales formations - les conservateurs de la CDU et les sociaux-démocrates au pouvoir - c’est un bras de fer, une partie de poker. Lundi 11 novembre 2024, le porte-parole du gouvernement a rejeté la proposition de l’opposition, qui voulait que le chancelier pose la question de confiance dès mercredi.

Le camp Scholz a clairement intérêt à jouer la montre : il veut d'abord faire passer d’abord des textes de lois sur la retraite, sur les allocations familiales, et sur des allègements de charge pour relancer l’industrie. Le chancelier veut ainsi pouvoir faire campagne sur un bilan. En face, l’intérêt de l’opposition est exactement l’inverse. La CDU est en ce moment au plus haut dans les sondages avec 33% d’opinions favorables. Son chef Friedrich Merz, ancien grand rival d’Angela Merkel, voit son rêve, accéder à la chancellerie, se rapprocher.

Les électeurs désireux d'éviter un nouveau combat de coqs

Au milieu de ce combat des chefs, les électeurs souhaitent dans leur grande majorité que ces élections aient lieu le plus vite possible, entre les deux tiers ou les trois quarts d’entre eux, selon les sondages. Ils trouvent que leur pays en crise ne peut pas se permettre un nouveau combat de coqs après des mois de querelles gouvernementales. En effet, les attaques se multiplient : l’opposition accuse le chancelier d’allumer des contrefeux, de procéder à des manœuvres grotesques pour gagner du temps. La cheffe des élections a par exemple prétendu que, à cause du manque de papier, ou de la trêve de Noël, les élections ne pourraient être correctement organisées qu’en mars 2025. L'opposition a alors hurlé, prenant exemple sur la France capable d'organiser les législatives en un mois, en juin 2024.

Cette pression a quand même fait bouger le chancelier sur ses positions. Désormais, Olaf Scholz n’exclut plus de poser la question de confiance avant la fin de l’année. Un vote qu’il est assuré de perdre, et le scrutin devra alors être organisé dans les 60 jours suivants. Mais dans tous les cas, il a la Constitution avec lui, prévue pour éviter l’instabilité du régime de Weimar. C’est donc à lui seul de décider si et quand il veut poser cette question de confiance.

Olaf Scholz est maître des horloges et donc libre de jouer avec les nerfs de ses adversaires. Interviewé en direct dimanche 10 novembre à la télévision, il a trouvé qu’il était plus "cool" que son grand rival quand il s’agit d’affaires d’État. Si la date des élections n’est pas encore fixée, la campagne a déjà bien commencé.

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