Guerre au Proche-Orient : quelles sont les conséquences de la guerre au Liban sur la Syrie, autre allié de l'Iran ?

Partie prenante de "l’axe de la résistance à Israël" mis sur pied par l’Iran, la Syrie de Bachar al-Assad avait pu rester relativement à l’écart des secousses du conflit à Gaza. Mais l’offensive au Liban la concerne de plus en plus sérieusement.
Article rédigé par Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Personnes déplacées dans la zone tampon entre le Liban et la Syrie, le 5 octobre 2024. (ADRIEN VAUTIER / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Depuis des années, Israël frappe régulièrement la Syrie, sans toujours le revendiquer. Les cibles sont multiples : des membres du Hezbollah, des responsables des gardiens de la révolution, des généraux iraniens en visite, ou encore des dépôts de munitions et des convois d’armes à destination du Hezbollah - en transit vers le Liban.

Les bombardements se sont intensifiés, ces dernières semaines, dans le pays et à sa frontière avec le Liban. Si la Syrie de Bachar al-Assad est dans le viseur, c’est parce qu’elle occupe un rôle central dans ce que l’Iran appelle "l’axe de la résistance à Israël". À la différence du Hezbollah, du Hamas, des milices chiites irakiennes ou des Houthis du Yémen, la Syrie est un État.

Une situation géographique précieuse pour l'Iran

Sa situation géographique est en outre indispensable à l’Iran, car elle lui offre un accès à la mer, la Méditerranée, et elle a une frontière commune avec Israël, ce qui en fait un précieux fief pour menacer l’État hébreu. Elle permet le ravitaillement terrestre du Hezbollah en armes, avec des convois qui transitent par l’Irak. D’où l’intérêt d'Israël de frapper la Syrie pour déstabiliser l’Iran.

Le gouvernement israélien a-t-il pour autant l’intention d’aller plus loin et d’en faire sa prochaine cible ?
Rien ne permet de l’affirmer pour l’instant. Pour l’heure, ce n’est pas le régime syrien en tant que tel qui est visé, ce sont ses soutiens : les mandataires de l’Iran, leurs infrastructures, les milices qui ont volé au secours de Bachar al-Assad dès le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011. Le Hezbollah en particulier.

Il s’agit pour l’État hébreu d’empêcher l’Iran d’étendre sa présence en Syrie, ainsi que de dissuader le président syrien, si toutefois il en avait la velléité et la capacité, de voler au secours de ses alliés pro iraniens au Liban. En l'occurrence, le risque serait élevé. Bachar al-Assad, quoi que l’on puisse en dire, est un chef d’État et non de milice, et les États-Unis, soutien indéfectible d'Israël, s’y opposeraient vivement.

Des réfugiés syriens qui reviennent par centaines de milliers

La position américaine rejoint d’ailleurs celle de la Russie qui, avec l’Iran, est l’autre parrain de Bachar al-Assad. Moscou tient à ses deux bases militaires stratégiques en Syrie. L’enjeu serait donc très élevé.
Mais l’onde de choc en Syrie de la guerre au Liban, elle, est bien réelle. Le pays fait face à un afflux de quelque 400 000 réfugiés venus du Liban, majoritairement des Syriens qui avaient déjà fui la guerre chez eux et qui entreprennent donc le voyage retour.

Ces centaines de milliers de personnes arrivent dans un pays à genou, aux infrastructures anéanties, dont la population vit dans une extrême pauvreté. Cet afflux va donc encore compliquer la situation humanitaire et économique d’une Syrie exsangue après plus de 10 ans de guerre.

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