Le meurtre d'un enfant japonais en Chine exacerbe les tensions entre Tokyo et Pékin

Un petit garçon de 10 ans a été tué la semaine dernière, victime d'une attaque au couteau non loin de son école à Shenzen dans le sud-est de la Chine. C'est la deuxième attaque du genre en quelques mois, et le drame nourrit les tensions persistantes entre les deux pays.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié
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Des personnes viennent déposer des fleurs devant l'école japonaise, à Shenzhen, en Chine, le 20 septembre 2024, alors qu'un enfant de 10 ans qui se rendait dans cette école a été assassiné deux jours plus tôt. (ICHIRO OHARA / YOMIURI)

C'est un fait divers qui a suscité une profonde émotion au Japon, et qui inquiète les quelque 100 000 ressortissants japonais installés en Chine. Pour la deuxième fois en l'espace de quatre mois, un enfant japonais a été victime d'une attaque au couteau. Cette fois, la scène s'est déroulée à Shenzhen, le 18 septembre, dans le sud-est de la Chine. Le petit garçon de 10 ans, poignardé en pleine rue, non loin de son école, n'a pas survécu.

"Nous demandons fermement à la Chine d’assurer la sécurité des citoyens japonais", a vivement réagi le Premier ministre nippon, Fumio Kishida, conscient de l'inquiétude de ses ressortissants expatriés en Chine, où un drame similaire avait eu lieu en juin dernier. Victime d'une attaque dans un bus de la ville de Suzhou, dans l’est du pays, le garçon avait survécu grâce à l'intervention d'une accompagnatrice chinoise, qui a payé de sa vie de s'être interposée. Les autorités chinoises avaient alors parlé d'un "incident isolé". Pour l'instant, pas de preuves formelles de préméditation dans l'attaque de la semaine dernière, on ne se sait pas si l'agresseur visait spécifiquement un enfant japonais, mais la répétition des faits nourrit la suspicion.

Les tensions gagnent la sphère économique

Autre élément qui suscite l'inquiétude, l'attaque s'est produite le 18 septembre, jour de la commémoration de l'incident de Mudken, qui marque le début de l'invasion de la Mandchourie par le Japon en 1931 (pour les amateurs de Tintin, Hergé y fait référence dans Le Lotus Bleu, quand Mitsuhirato fait sauter une voie de chemin de fer). Or l'invasion de la Mandchourie, grande région du nord-est de la Chine, reste l'élément central d'un sentiment antijaponais persistant dans le pays depuis près d'un siècle, même si les relations diplomatiques se sont normalisées depuis 50 ans.

Le drame suscite en tout cas une angoisse qui se traduit ces derniers mois dans les entreprises japonaises installées en Chine. Plusieurs firmes nippones ont appelé leurs salariés à la prudence. Le groupe Panasonic propose même de prendre en charge le rapatriement de familles expatriées inquiètes.

Les tensions gagnent aussi le monde économique ces derniers mois. Point de départ des crispations, le rejet en mer des eaux de la centrale de Fukushima, décidé par Tokyo en août 2023. Même approuvée par l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA), la décision a provoqué l'inquiétude en Chine, Pékin accusant son voisin de polluer l'océan et de se moquer de la santé des consommateurs chinois. En représailles, les importations de produits de la mer japonais avaient été suspendues, et l'embargo n'a pris fin qu'il y a quelques jours après d'âpres négociations.

Des opérations militaires chinoises autour de Taïwan

Mais les tensions diplomatiques entre Tokyo et Pékin sont aussi et surtout liées à des questions militaires ces derniers temps. Sur ce plan, l'été a été agité, sur fond de crise autour de Taïwan. Deux opérations militaires chinoises ont hérissé le voisin japonais, avec l'entrée d'un avion de reconnaissance dans l'espace aérien nippon le 26 août dernier et des intrusions de navires chinois dans les eaux japonaises.

En contradiction avec sa tradition pacifiste héritée des ruines de la Seconde Guerre mondiale, le Japon renforce désormais son arsenal de défense, face aux multiples menaces pesant sur la région, qu'elles viennent de la Russie, de la Chine ou de la Corée du Nord. Le gouvernement a décidé, en 2023, de doubler son budget de défense, et de se doter de moyens militaires inédits depuis 1945.

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