Dans l’Orne, l'indignation après la mise à mort d'un cerf lors d'une chasse à courre

Ce grand cerf a été abattu contre un mur du cimetière de Colombiers, début décembre, semant la désolation parmi les habitants
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La société de vènerie en France a ouvert une enquête interne pour faire la lumière sur les conditions d'abattage d'un cerf lors d'une partie de chasse à courre  dans l'Orne, le 3 décembre (photo d'illustration, le 6 novembre 2024) (SYLVESTRE / MAXPPP)

À Colombiers dans l’Orne tous les habitants connaissaient ce grand cerf abattu mardi 3 décembre 2024 d’une partie de chasse à courre. Ils le surnommaient le grand roi de la forêt. Avec ses bois, somptueux, il venait ici dans les prés, dès la fin d’été, prévenir les biches du coin de sa présence et de sa…disponibilité. Les habitants se régalaient de l’observer et d’écouter son brame puissant. Il était si respecté que même les chasseurs respectaient sa tranquillité. Mais, mardi 3 décembre 2024 tout a basculé lorsque l’équipage de chasse à courre d’un comte bien connu des alentours, a brutalement décidé de le traquer. Les gens du voisinage l’ont alors vu courir terrorisé, une bardée de chiens et d’hommes en costume, à cheval et en quatre-quatre à ses trousses. La société de vènerie en France ouvre une enquête interne pour faire la lumière sur les conditions d'abattage d'un cerf lors d'une partie de chasse à courre dans la forêt d'Ecouves dans l'Orne le 3 décembre dernier, a appris mardi France bleu Normandie (Calvados - Orne). 

Le cerf a traversé, affolé, un hara, mais aussi un le terrain d’un écolieu engagé pour la préservation de la biodiversité, semant la panique parmi les animaux, ânes, chèvres et chevaux. Une véritable cavalcade à quelques mètres des habitations. Au point que, selon la maire de Colombier, "n’importe quel habitant aurait pu se faire taper par la meute".

Peu de chances de s’en sortir

Pour tenter de perdre les chiens, le cœur battant, complètement essoufflé, le cerf a couru tant qu'il a pu pour échapper à cette armée, à ces toreros des champs, mais c’était peine perdue. Face au barrage de voitures, il avait peu de chances de s’en sortir. Imaginez le niveau de stress.

En 1997 un rapport établi par le biologiste Patrick Bateson avait ainsi prouvé que le niveau de stress et de souffrance des cerfs lors d’une chasse à courre était bien plus élevé que pour n’importe quel autre type de chasse. D’ailleurs plusieurs pays ont depuis longtemps interdit la chasse à courre : l’Allemagne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Belgique en 1995 et la Grande-Bretagne en 2005. En France, seul un arrêté incite les chasseurs à gracier les animaux lorsqu’ils sont aux abois, exténués, et trop près des habitations. Sans doute celui-ci ne devait pas être suffisamment exténué, lui le grand cerf de Colombiers, quand l’équipage l’a abattu contre un mur du cimetière de Colombiers, semant la désolation parmi les habitants qui ne l’entendront plus bramer. La maire envisage de prendre un arrêté municipal pour faire interdire sur sa commune une technique de chasse, qui n’a de noble que la réputation.

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