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Dans la peau d'un bénévole

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu au cœur de l'actualité.

Article rédigé par franceinfo, Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Walid Badi, joueur de handball du club d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), consacre ses journées au bénévolat pendant le confinement. (GUILLAUME BATTIN / RADIOFRANCE)

Je suis ce matin une bénévole. La secrétaire d’Etat à la Vie associative, Marlène Schiappa, invitée dimanche 18 septembre sur franceinfo a fait plusieurs annonces.

>> Réforme des retraites, lancement de Renaissance, bénévolat... Le "8h30 franceinfo" de Marlène Schiappa

D’abord, la création d’un guichet unique pour les demandes de subventions. Autant vous dire que ça ne pourra que nous faciliter la vie, à nous, les bénévoles de petites associations souvent perdus dans les arcanes kafkaïennes de l’administration, les méandres des mails et des courriers. "Pas le bon service, pas le bon interlocuteur, pas le bon formulaire"...

L’autre annonce concerne la reconnaissance de notre travail de bénévole par la validation des acquis. Là encore une mesure qui va dans le bon sens dans une France où prime toujours la culture du diplôme. Pour tous ceux d’entre nous qui sont en reconversion, au chômage, pour tous les jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi et qui donnent de leur temps plutôt que de tourner en rond. Ni la "France des allocs" ni celle du travail mais celle du don de soi.

13 millions de bénévoles en France

Mais cela  ne règle pas ma principale crainte du moment : les collectivités locales nous demandent de revoir à la baisse nos demandes de subventions, car elles n’arrivent plus à faire face aux couts de l’inflation… Pas de quoi régler non plus notre inquiétude grandissante face à ces milliers citoyens qui ont des droits, mais qui ne le savent pas. Ce vieux légionnaire à la retraite qui ne touche pas sa pension, ces mamans dont les aides de la CAF sont bloquées et qui ne savent pas pourquoi, ces victimes de l’illectronisme, le grand fossé du web qui isole ceux qui ne sont pas pris dans la toile. Ils sont tellement nombreux que, si ça continue comme ça, on fera bientôt plus d’ateliers numériques que d’épiceries solidaires. N’ayant souvent pas d’autre choix que d’avoir recours à nos bénévoles en zone grise, ces agents des administrations qui nous déverrouillent les dossiers, osant braver et résister au règlement RGPD sur la protection des données pour protéger l’humain.

Aujourd'hui, nous sommes 13 millions de bénévoles en France, un Français sur quatre qui, comme moi, donne régulièrement de son temps pour une association. Un peu moins nombreux cependant depuis le début du Covid, nous nous engageons aussi moins souvent et surtout moins longtemps : trop de causes, trop de sollicitations, trop de combats à mener, trop de frustrations aussi... Ce sentiment d’impuissance face à cette femme et ses enfants que le 115 refuse de prendre à 20 heures et qui dormiront dans la rue. Malgré nous.

Heureusement, reste le sentiment du devoir accompli, les sourires l’hiver autour d’un café partagé, les maraudeurs qui reviennent gonflés de l’énergie du devoir accompli, et tous ceux qui font un travail de soutier à 7h30 du matin pour récupérer les invendus des supermarchés et les déposer à 9h à l’épicerie avant d’aller travailler. Ceux que personne ne voit et qui ne récolteront pas les sourires, mais qui auront, comme nous tous, le sentiment d’avoir été là au bon moment pour les bonnes personnes. Un sentiment qui vaut bien toutes les paies du monde.

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