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Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir sur les lanceurs d'alerte, un an après l'adoption d'une loi censée les protéger

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu ou d'un fait au cœur de l'actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des manifestants brandissent des pancartes lors d'un rassemblement en soutien au lanceur d'alerte Antoine Deltour, devant le tribunal de Luxembourg, le 26 avril 2016. (JOHN THYS / AFP)

Grâce à la loi du 21 mars 2022 sur la protection des lanceurs d'alerte, les David contre Goliath de l’intérêt public et du bien commun sont de plus en plus nombreux à vouloir faire connaître dangers, risques et scandales. Les saisines de la défenseure des droits, l’une des autorités en capacité de recevoir les alertes ont augmenté de 50%. Elle a d'ailleurs publié vendredi 31 mars un guide à l'usage de celles et ceux qui souhaitent lancer une alerte.

La moitié des entreprises ont une procédure d'alerte

Plus d'un an après son adoption, le bilan de la loi est donc plutôt positif. Elle permet de lancer l’alerte via des canaux externes sans avoir d’abord alerté en interne au sein de l'entreprise par exemple. Une démarche plus simple et plus protectrice, avec de nouvelles pénalités aussi pour les auteurs de procédures baillons. Pour autant, il reste encore beaucoup à faire puisque la moitié des entreprises seulement ont à ce jour mis en place une procédure d’alerte interne alors que c’est normalement obligatoire.

Certains regrettent aussi que les lanceurs d’alerte ne puissent pas être des personnes morales, des associations par exemple. C'est le cas du sociologue Francis Chateauraynaud, inventeur en 1996 du concept de lanceur d'alerte lors d’un colloque sur les nouveaux risques, dont la vache folle. À l’époque, ces citoyens prêts à prendre des risques pour faire émerger la vérité étaient qualifiés de dénonciateurs ou prophètes de malheur. A la fin des années 90, ils deviennent donc lanceurs d’alertes, cousins des "whistleblowers" américains. Whistleblowers pour "ceux qui sifflent", une expression du 19e siècle qui qualifiait d’abord les marins sifflant pour prévenir de l’approche d’un danger.

Vers une meilleure prise en compte des alertes ?

Signaler en amont un danger imminent, voilà la mission originelle des lanceurs d’alerte. Ce qu’avait très bien pris en compte la toute première loi de 2013 censée les protéger et qui mettait en avant d’abord le principe de précaution, obligeant les administrations à enquêter de manière ouverte sur les alertes données. Une obligation qui a depuis disparu. Alors bien sûr protéger les lanceurs d'alerte en tant qu’individus est essentiel. Prendre en compte sérieusement leurs alertes l’est tout autant.

Et c’est sans doute sur ce point qu'il faut aujourd'hui lancer l’alerte pour que les administrations ne se contentent plus d’accuser réception, mais engagent de réelles actions publiques pour protéger l'humain et la nature de multiples dangers imminents. Agir ensemble après avoir identifié les problèmes plutôt que se désoler d’un système impossible à changer. Parce qu’avant d’être lanceurs d’alerte, ils sont avant tout des citoyens attachés à des valeurs essentielles, rouages nécessaires à la démocratie dans un monde complexe.

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