Les poings levés, gantés de noir, de Tommie Smith et John Carlos, lors des Jeux de Mexico en 1968

Ces deux athlètes afro-américains ont marqué les esprits avec leur geste silencieux, pour protester contre les conditions des noirs américains et pour "les droits de l'homme".
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Tommie Smith and John Carlos lors de la remise de la remise des médailles du 200m, aux Jeux olympiques de Mexico en 1968, les deux poings levés. (BETTMANN / GETTY IMAGES)

C'est une image qui a marqué l'histoire des Jeux, celle de deux poings levés, gantés de noir, dans le stade olympique à l’été 1968, aux Jeux de Mexico, pour la remise des médailles du 200m. Sur le podium, deux athlètes afro-américains, Tommie Smith et John Carlos, médaillés d’or et de bronze, sans chaussures et en chaussettes noires pour symboliser la pauvreté des populations noires aux États-Unis. Smith, foulard autour du cou, Carlos, portant un collier de perles représentant "ces personnes ayant été lynchées ou assassinées et pour lesquelles personne n'a dit une prière".

Mais lorsque l’hymne américain retentit, alors que les deux hommes baissent la tête, on ne voit plus que deux poings gantés de noir, pointés vers le ciel jusqu’à la fin de l’hymne. Le poing droit de Smith, le gauche de Carlos, ce dernier ayant oublié ses gants au village olympique. Une paire de gants partagée pour un seul et même geste, qui marque l’histoire. Un geste silencieux, non pas pour saluer le "Black power", comme la presse le décrit alors à ce moment-là, mais "pour les droits de l’homme".

Un geste qui coûte cher aux athlètes

Pour le président du Comité international olympique, toute protestation concernant la politique intérieure d’un pays n’a pas sa place au sein d’un événement apolitique. Smith et Carlos sont bannis du village olympique, suspendus de l'équipe américaine, puis exclus à vie des Jeux au nom du respect de la "neutralité". La neutralité dont le prix Nobel de la paix Elie Wiesel dira quelques années plus tard qu'elle aide toujours l'oppresseur.

D'ailleurs, jamais Smith et Carlos ne regrettèrent leur geste, pas si silencieux que cela. Même s'ils auront dû attendre 2019 pour que le CIO organise enfin une cérémonie en leur honneur. Au cours de laquelle John Carlos déclara, "Oui nous avons sacrifié notre carrière, mais nous avons aidé tellement de monde. Nous avons compris enfin que la plus grande invention n'était ni l'avion, ni la télévision, ni le téléphone, mais la gomme : comprendre qu'on peut faire des erreurs dans la vie, mais qu'il ne doit pas y avoir de honte à les effacer".

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