Des nouvelles du télescope géant européen
Les astronomes européens
en rêvent depuis une quinzaine d'années, mais leur fantasme peine à
se réaliser... Le E-ELT (European Extremely Large Telescope ) a
commencé à enflammer leur imagination à la fin des années 1990,
lorsque leur machine à faire de l'astronomie actuelle, le VLT (Very
Large Telescope ) est entrée en service. En fait, le processus est
toujours le même, depuis que Galilée, voici quatre siècles, a
fabriqué le premier instrument d'optique astronomique, une minuscule
longue-vue avec laquelle il a grand ouvert les fenêtres de la terre
des hommes sur l'Univers. Depuis lors, chaque génération de
chercheurs conçoit un nouvel instrument, deux à quatre fois plus
puissant que celui de la précédente génération. Et comme il faut,
en gros, une vingtaine d'années pour qu'un grand instrument
scientifique soit imaginé, conçu et réalisé, et bien, c'est à
l'instant même où le fleuron technologique du moment est mis en
service que les scientifiques et les ingénieurs commencent à
réfléchir à la génération suivante...
Où en est-on
aujourd'hui ?
L'ESO vient de publier une énième annonce,
annonçant, comme il se doit le " lancement " du projet
E-ELT... Cette fois, la très bonne nouvelle, c'est que tous les
états membres de l'ESO ont donné leur accord pour le lancement du
programme. Bien sûr, cet accord global est décisif, sauf que le
coût du projet - estimé aujourd'hui, donc, à un milliard d'euros,
mais il n'y a aucune raison qu'il ne continue pas à augmenter, comme
par le passé - ne peut pas être pris en charge aujourd'hui par
l'ESO. Sur le milliard attendu, seuls 600 millions sont provisionnés.
Le solde, 400 millions, pourrait être pris en charge, au titre de
participation exceptionnelle, par les états membres, et aussi, et
surtout, par le "ticket d'entrée" à l'ESO du Brésil.
L'ennui, c'est que cette adhésion à l'organisation européenne, du
Brésil, attendue depuis trois ans, n'est toujours pas suivie
d'effet... Interviendra-t-elle en 2013 ? C'est possible, auquel
cas l'ESO pourrait lancer officiellement le programme E-ELT, pour une
mise en service, forcément retardée, intervenant vers 2022.
Il est
bien difficile, aujourd'hui, dans le contexte de crise économique
mondiale, de prévoir ce qui va réellement advenir. Le financement
total du projet E-ELT, ou alors d'un E-ELT " light ",
dont le diamètre du miroir diminuerait encore, ou encore le
repoussement de la mise en service du télescope géant, pour lisser
son coût ?
Reste que du point de vue
de la stratégie scientifique , l'Europe n'a évidemment pas intérêt
à retarder le projet ou à limiter son ampleur. Dès 2018, si tout
va bien, le télescope spatial infrarouge JWST va révolutionner
l'observation astronomique, et les concurrents de l'E-ELT, qui
restent, eux aussi, à financer, pourraient voir le ciel vers 2020.
Pour l'ESO, l'année 2013 s'annonce décisive : en mars, la
communauté astronomique va fêter la mise en service d'Alma,
l'extraordinaire réseau interférométrique international. Avec Alma
lancé, l'ESO sera libéré de contraintes techniques et budgétaires.
Se sera, peut-être, l'occasion d'annoncer, enfin, le lancement
officiel de l'E-ELT...
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