Drame dans le cosmos : une planète habitée a disparu !
Son petit nom avait été cité des dizaines de milliers de fois, dans les publications scientifiques, dans les articles de vulgarisation. Son découvreur, l'Américain Stephen Vogt, avait même publiquement déclaré, non pas qu'elle était "habitable", mais qu'elle était "habitée". Oui, vous avez bien lu. Et pour parachever ses divagations avec éclat, Steven Vogt avait baptisé "sa" planète habitée, Zarmina... J'avais déjà expliqué ici même, au moment de l'emballement médiatique survenu lors de l'annonce de la découverte de cette exoplanète, Gliese 581 g, que la concurrence entre équipes européennes et américaines dans le cadre de la recherche des exoplanètes amenait à une surenchère qui risquait à terme de desservir l'astronomie en particulier et la science en général. En annonçant, à grands renforts de représentations d'artistes montrant nuages, lacs et océans, la découverte de planètes pouvant abriter la vie chaque mois ou presque, quand ces planètes n'étaient que des points très aléatoires sur des courbes, les astronomes allaient finir par lasser le grand public et les pourvoyeurs de fond, l'humour à répétition n'ayant qu'un temps de fonctionnement limité. Nous y sommes.
Pas plus que Gliese 581 d, une autre planète "habitable" dont une myriade d'articles expliquaient les caractéristiques, tellement accueillantes pour la vie. Ah, et puis Gliese 581 f n'existe pas non plus, mais c'est moins grave : la pauvrette n'était pas habitable.Que s'est-il passé, alors, dans le système de Gliese 581 , qui comptait, voici quelques jours encore, six planètes, dont une habitée et une autre habitable ? La civilisation extraterrestre de Gliese 581 g a-t-elle déclaré la guerre à la civilisation de la planète Gliese 581 d ? Non, c'est juste qu'une nouvelle analyse de l'ensemble des orbites du système, plus des observations de l'étoile naine rouge Gliese 581 ont fini par convaincre les chercheurs que ces trois planètes étaient des artefacts...
L'important n'est d'ailleurs pas là, dans cette réfutation. La science fonctionne comme cela, de découvertes en découvertes, souvent infirmées. Ce qui est inadmissible, c'est la dérive dans le discours – qu'il soit initié par les chercheurs eux-mêmes, dans le cas de Vogt, ou par les services de communication des institutions de recherche, que la découverte d'une "planète sœur de la Terre" propulse quelques jours au top des connections internet. Divaguer, comme hélas c'est de plus en plus souvent le cas, sur le type d'habitabilité de telle ou telle planète, en fonction de sa distance à son étoile, de sa masse, de son diamètre – toutes valeurs le plus souvent inconnues, ou grossièrement approchées, par parenthèses – en fonction de l'éventuelle composition chimique de son éventuelle atmosphère, de la température éventuelle de cette éventuelle atmosphère, et du taux éventuel de salinité de son éventuel océan, est parfaitement ridicule quand on sait... que l'on ne sait rien de ces astres, lorsqu'ils existent réellement.
Et surtout, plus profondément, il serait bon qu'ils se demandent s'il est raisonnable de projeter, comme ils le font désormais, les conditions de vie terrestre dans l'espace, et, par un enfantin calcul de multiplication, annoncent sans rire que 10, 20 ou 30 milliards de planètes sont "habitables" dans la galaxie, sans tenir compte des caractéristiques extrêmement particulières du seul couple planétaire où la vie est apparue avec certitude – le couple Terre-Lune - des particularités des étoiles et des disques de poussières où naissent les planètes, de la position du système solaire dans la Galaxie, etc... Sans compter, bien sûr, que personne ne sait répondre à la question fondamentale de la recherche d'autres formes de vie dans l'Univers : pourquoi et comment la vie est apparue sur la Terre ?
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