Boycott ou pression politique : l'ombre de Timochenko plane sur l'Euro-2012
Alors que l'Euro-2012 démarre ce vendredi 8 juin, en Pologne et en Ukraine, le sort réservé à l'ancien Premier ministre Ioulia Timochenko continue d'empoisonner les relations entre Kiev et l'Union européenne. Ironie du sort, Kharkiv, où l'opposante est détenue, est l'une des quatre villes-hôtes ukrainiennes pour les matchs de l'Euro de football.
L'égérie de la Révolution orange de 2004, qui souffre de plusieurs hernies discales, a finalement été transférée dans un hôpital et a cessé sa grève de la faim, mais selon ses proches, les mauvais traitements et les pressions psychologiques se poursuivent. Sa fille Eugenia, invitée par le groupe PPE à venir témoigner au Parlement européen à Strasbourg, rapporte ainsi que trois caméras de vidéosurveillance la filment en permanence, y compris au moment des soins et jusque dans la salle de bains.
L'ex-premier ministre belge Guy Verhofstadt, président du groupe des démocrates et libéraux au Parlement européen, qui a pu lui rendre visite la semaine dernière, décrit une personne "très affaiblie physiquement, qui souffre du dos et est restée couchée dans son lit durant tout l'entretien, mais qui a bon moral et reste très combative". Les autorités refusent qu'elle quitte l'Ukraine pour se faire soigner en Allemagne.
Condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir, Ioulia Timochenko est en attente de son procès en appel, mais son procès devant la Cour de cassation a été retardé au 26 juin. Selon elle, il s'agit de l'empêcher de participer aux élections législatives du mois d'octobre. Elle dénonce un harcèlement politique.
Pour protester contre sa détention et les nouvelles poursuites judiciaires à son encontre, les dirigeants européens brandissent depuis des semaines la menace d'un boycott politique en exigeant le respect des valeurs européennes. La Commission européenne a annoncé son intention de boycotter les rencontres sportives en Ukraine et plusieurs gouvernements envisagent de le faire, à commencer par l'Allemagne et la France, qui a précisé qu'aucun ministre ne se rendrait en Ukraine, alors qu'ils assisteront aux matchs en Pologne. Mais la question divise les dirigeants européens comme les groupes politiques au Parlement européen.
Les eurodéputés n'appellent pas au boycott politique, mais exigent la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, notamment des dirigeants de l'opposition. Dans sa résolution, le Parlement européen "invite les hommes politiques européens qui voudraient assister aux matchs, soit à montrer clairement qu'ils sont au courant de la situation, et à chercher à rendre visite aux détenus politiques, soit à n'assister aux matchs qu'à titre privé".
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