Jean-Claude Juncker et le "vice de construction" de l'UE
Le président de la Commission européenne était l'hôte du Conseil de l'Europe cette semaine à Strasbourg. Jean-Claude Juncker en a profité pour rencontrer le premier ministre turc sur l'accord sur les migrants, et aussi pour faire son mea culpa sur la crise de confiance que traverse actuellement l'Union, due à ce qu'il qualifie de "vice de construction" de l'Europe: le manque de dimension sociale.
Légiférer moins mais mieux. Le leitmotiv de la Commission européenne peut paraître décalé en pleine crise des réfugiés. Il est pourtant plus que jamais d'actualité, à un moment où l'Union traverse l'une de ses pires crises, et risque, sinon d'éclater, du moins de se déliter.Répondant à une question d'un parlementaire britannique sur le référendum du 23 juin et la menace d'un Brexit, le président de la Commission européenne a reconnu que l'Europe avait perdu de son "attrait". "L'une des raisons du désamour des citoyens européens pour le projet européen est lié au fait que nous interférons dans trop de domaines de la vie privée, que nous ne respectons pas assez le principe de subsidiarité" , au lieu de laisser aux Etats membres le soin de réglementer ces questions.
Pour Jean-Claude Juncker, c'est d'abord une question de valeurs: celles que l'UE partage avec l'organisation paneuropéenne: "Non au racisme, non au rejet de l'autre, non aux attaques stupides contre l'islam qui fait partie du paysage européen. Ceux qui viennent de loin nous apportent leurs talents, leurs énergies, leurs savoirs, tout ce dont nous avons besoin dans l'Europe du 21ème siècle" a même insisté le président de la Commission, auteur d'un rapport sur les relations entre l'UE et le Conseil de l'Europe, et qui s'est engagé "personnellement" à ce que, malgré les obstacles juridiques, l'UE puisse adhérer à la Convention européenne des droits de l'homme. "Nos idéaux sont les mêmes".
Certes, "on n'est pas très populaire lorsqu'on plaide la cause de l'Europe, on est plus respecté dans son pays lorsqu'on insiste sur la nécessité qu'il y a à donner la priorité aux voies nationales. Mais viendra le jour où nous serons devant les décombres de cette attitude" , a prévenu Jean-Claude Juncker.
Avant d'illustrer ses propos: "ll y a 100 années, 20% des êtres humains étaient européens, au début de ce siècle 11% de la population mondiale est européenne, à la fin du siècle 4% sur 10 milliards d'êtres humains seront européens. L'Europe est le continent le plus petit, démographiquement faible, réduit économiquement, car nous perdons en poids économique visiblement face aux grands blocs entrain d'émerger. Ceux qui veulent mois d'Europe et plus d'Etat national auront des Etats nationaux qui ne pourront pas agir par leurs propres moyens, et une Union européenne qui ne sera plus respectée dans le monde".
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