À Taïwan, menacée depuis des décennies par la Chine, la crainte d'une invasion sur le modèle ukrainien
La Chine communiste ambitionne depuis des décennies de s'emparer de Taïwan, un petit archipel démocratique de 24 millions d'habitants. Il faut dire que les arguments de Pékin font sinistrement écho à ceux invoqués par Poutine pour justifier l'invasion de l'Ukraine.
La Chine communiste n'a jamais gouverné Taïwan. Pourtant, elle revendique l’archipel démocratique depuis des décennies. Et depuis l’invasion russe en Ukraine, la menace semble bien plus concrète aux 24 millions de Taïwanais en raison des arguments utilisés par Vladimir Poutine pour envahir l'Ukraine, très similaires à ceux du président chinois, Xi Jinping.
Pour répondre aux inquiétudes de la population, l’armée taïwanaise a publié la semaine dernière un manuel de survie en temps de guerre. Dans ce document de 28 pages, on apprend par exemple comment s'abriter en cas de bombardement ou encore comment réagir face à une pénurie de médicaments.
"Avec l'invasion russe, on réalise que Taïwan pourrait aussi devenir une zone de guerre."
Hao Wei, étudiant taïwanaisà franceinfo
Étudiant en sciences des données, Hao Wei s'inquiète, comme beaucoup de jeunes, pour l'avenir de son archipel. "C’est pour ça que beaucoup de gens veulent apprendre comment réagir en cas de conflit. Je pense donc que ce manuel du gouvernement est très utile mais j'aimerais qu'ils aillent encore plus loin. Par exemple, en expliquant concrètement ce qu'on pourrait faire en cas de guerre pour défendre notre pays, et pas seulement pour se protéger soi-même".
Des formations dispensées aux civils
Des formations de défense civile organisées par des citoyens se multiplient d’ailleurs partout sur l'île, dans l’idée de dissuader la Chine de passer à l'action. Taïwan dispose déjà d'une armée de 120 000 soldats mais aussi d'armes modernes, essentiellement fournies par les États-Unis. Il lui reste donc comme point faible, la préparation de sa société civile. La question était jusqu'alors taboue mais la guerre en Ukraine a changé la donne. "On enseigne des gestes de premiers secours, mais surtout on essaye de transmettre cette idée qu'il faut être prêt à faire face à des situations imprévues", explique Enoch Wu, un membre du parti au pouvoir qui organise des ateliers de premier secours. Depuis plusieurs semaines, les demandes d'inscription ont explosé.
"Notre but est aussi d'envoyer un message au parti communiste chinois : si vous voulez nous envahir, c'est à l'ensemble de la population taïwanaise que vous devrez faire face, et pas seulement à nos militaires. Ce ne sera pas une promenade de santé !"
Enoch Wu, un membre du parti au pouvoirà franceinfo
Le gouvernement espère désormais aller plus loin, par exemple, en allongeant la durée du service militaire. Une réforme soutenue par les Taïwanais : selon de récents sondages, 75% d’entre eux seraient prêts à se défendre en cas d'invasion chinoise.
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