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Au Brésil, la milice, véritable mafia, dispute le territoire carioca aux trafiquants de drogue

Protégée par Jair Bolsonaro, le président brésilien, elle ne cesse d’accroître sa mainmise tant géographiquement que politiquement.

Article rédigé par franceinfo - Anne Vigna. Edité par Ariane Schwab
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Selon une étude, l'Etat de Rio de Janeiro est contrôlé à 57% par la milice contre 16% par les trafiquants de drogues (Vue aérienne de la favela de Pavao-Pavaozinho entourée par les quartiers de Copacabana, Ipanema et Lagoa, Brésil). (MAURO PIMENTEL / AFP)

À Rio de Janeiro, les groupes criminels ne cessent d’augmenter leur pouvoir. Mais ce ne sont pas vraiment ceux que l’on croit : les trafiquants de drogue ont tendance à perdre du territoire alors que la milice, composée d’anciens membres des forces de l’ordre, ne cesse de grandir de façon très inquiétante. Et Jair Bolsonaro n’est peut-être pas étranger au phénomène.  

En tout cas, il est difficile de ne pas penser au président brésilien quand on parle de la milice. Parce qu’en tant que député de l’État de Rio pendant 30 ans, Jair Bolsonaro l’a toujours défendue comme il défendait tout policier ou militaire, assurant en gros qu’il était préférable de vivre dans un quartier dominé par la milice que par les trafiquants de drogue.

Une milice qui rackette la population

Un avis qui n’est pas vraiment partagé par les habitants. Car la milice est une véritable mafia composée d’anciens policiers et militaires et qui disputent violemment le territoire aux trafiquants de drogue. Une fois qu’ils dominent un quartier, ils rackettent les habitants sur les services tels que le téléphone, l’internet ou les transports en échange d’une supposée protection contre les trafiquants de drogue.  

Et depuis que Jair Bolsonaro est à la présidence, la milice ne cesse de grandir, comme le constate une nouvelle étude réalisée par des sociologues, des géographes et des spécialistes de la sécurité. Elle montre l’étendue du territoire contrôlé par les groupes criminels à Rio. D’un côté les trafiquants de drogue dominent près de 16% du territoire de la ville et sa périphérie. De l’autre, la milice en contrôle plus de 57% aujourd’hui.

Une mainmise sur la politique locale

Une croissance spectaculaire pour la milice, avec de forts relais politiques, comme on le voit aujourd’hui en campagne pour les municipales au Brésil où la milice indique ses candidats. Et ce que montre aussi cette étude, c’est que les opérations de police ne touchent presque jamais la milice : en 2019, 6% des opérations ont eu lieu dans la zone contrôlée par la milice, contre 48% dans les favelas des trafiquants de drogue. Donc protégée par la politique mais aussi par la police, la milice ne peut en effet que grandir.  

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