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Au Kenya, le "massacre de Shakahola" continue d'ébranler le pays

Deux pasteurs kényans comparaissent en justice mardi, soupçonnés d'être impliqués dans la mort d'au moins 109 personnes dans une forêt du sud-est du Kenya. L'affaire suscite l'effroi et l'incompréhension dans ce pays religieux d'Afrique de l'Est.
Article rédigé par franceinfo - Albane Thirouard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un enquêteur marche à côté du charnier de Shakahola, près de la ville côtière de Malindi au Kenya, le 25 avril 2023. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

Au Kenya, le "massacre de Shakahola" comme il est désormais qualifié, continue de mobiliser le pays. Le pasteur autoproclamé Paul Mackenzie Nthenge est au cœur de l'affaire. À travers sa secte, l'Église internationale de Bonne Nouvelle, il invitait ses fidèles à jeûner pour "rencontrer Jésus". Il est accusé d'avoir poussé ses adeptes à mourir de faim. Depuis une dizaine de jours, les enquêteurs passent au peigne fin son terrain dans la forêt de Shakahola, près de la ville de Malindi, dans l'est du Kenya, où 109 dépouilles ont déjà été retrouvées. 

500 signalements de personnes portées disparues

Les fouilles ont été suspendues lundi 1er mai, mais cela ne veut pas dire qu'elles sont terminées. Les enquêteurs ont plus de 300 hectares de terrain à passer au peigne fin. Le bilan humain pourrait s'alourdir. La Croix Rouge kényane a enregistré près de 500 signalements de personnes portées disparues à son bureau de recherche à l'hôpital de Malindi.

Les fouilles ont en fait été mises en pause à cause des conditions météo. Les fortes pluies risqueraient de compromettre certaines preuves, d'après les autorités. De plus, la morgue de l'hôpital de Malindi est déjà saturée.

Les opérations d'autopsies des dépouilles viennent en tout cas de débuter. Les résultats sont très attendus, les enquêteurs ont des doutes sur les causes des décès, car certains corps ont été retrouvés avec des signes de blessures. Il y aura aussi des opérations d'identification des dépouilles par prélèvement ADN. Un certain nombre de familles sont venues à Malindi dans l'espoir d'avoir des nouvelles de leurs proches, qu'elles suspectent d'être des membres de la secte, mais avec qui elles n'ont plus de contact depuis parfois plusieurs mois.  

Un pasteur déjà arrêté par le passé

À la tête de cette secte, il y a donc le pasteur autoproclamé Paul Mackenzie Nthenge. Il doit comparaître devant le tribunal mardi matin. Cette affaire a suscité beaucoup d'effroi au Kenya, mais l'affaire suscite aussi beaucoup de questionnements, notamment pour comprendre comment les événements ont pu se dérouler sans alerter les autorités locales.

Surtout que ce n'est pas la première fois que Paul Mackenzie Nthenge a affaire à la justice. Il avait déjà été arrêté en 2017 et 2019. À l'époque, il était accusé de "radicalisation" parce qu'il prônait de ne pas mettre les enfants à l'école. Il affirmait que l'éducation n'est pas reconnue dans la bible. Puis, il a été à nouveau arrêté en avril après que deux enfants sont morts de faim, mais avait été libéré en échange d'une caution.  

À Malindi, des proches d'adeptes de la secte nous ont affirmé avoir déjà déclaré les agissements du pasteur à la police par le passé, sans avoir vu de suivi des forces de l'ordre par la suite. En réaction à ces questionnements, le ministre de l'Intérieur a annoncé qu'une commission d'enquête allait être mise en place, pour mener justement une investigation sur les potentielles négligences, que ce soit de la part de la police ou des autorités locales.

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