Au Liban, les cigognes sont "tuées juste pour s’amuser et non pas pour être mangées", dénoncent des associations
C'est une vidéo sur Internet qui a mis le feu aux poudres. On y voit un vol de cigognes et on entend des tirs de mitrailleuses, des armes de guerre. Cela se passe dans la région du Akkar, au nord du pays. Des dizaines d'oiseaux migrateurs, venus passer l'hiver sous des latitudes plus propices, ont été abattues, d'autres blessés.
Michel Sawan est un défenseur des oiseaux. Dans ses volières, en pleine montagne, il recueille et soigne en ce moment des cigognes qui ont échappé à cette fusillade, mais aussi plusieurs rapaces, tous blessés par balles et victimes de cette chasse illégale. "Ce n’est pas une chasse, dénonce-t-il. La majorité des oiseaux sont tués juste pour s’amuser et non pas pour être mangés. Ils sont éduqués pour vivre dans la violence. Quand les gens voient les pélicans et les cigognes, ils sortent avec les M16, les Kalachnikovs… C’est ça, le problème", dénonce-t-il.
Plus de 2,5 millions d'oiseaux abattus chaque année
Selon les associations, au moins 2,6 millions d'oiseaux sont abattus illégalement au Liban chaque année. Pour donner un ordre de grandeur, c’est huit fois plus qu'en France, alors que le pays est à peine plus grand que la Corse.
Tout l'arsenal juridique contre le braconnage existe pourtant. Des policiers patrouillent dans les campagnes et des défenseurs des animaux traquent les chasseurs illégaux. Des plaintes sont régulièrement déposées contre eux, mais rien ne bouge. Pire, les activistes sont régulièrement pris pour cible. Michel Sawan s'est fait tirer dessus à sept reprises par des chasseurs. Son amie Ghina Nahfawi, militante de la cause animale elle aussi, reçoit régulièrement des menaces de mort. Elle a alerté les autorités, mais ne se fait pas beaucoup d'illusions.
"Malheureusement, certains policiers, et certains militaires sont eux-mêmes braconniers."
Ghina Nahfawi, militante de la cause animaleà franceinfo
"Les personnes qui sont censées faire respecter la loi sont les premières à l'enfreindre. C'est le principal problème du Liban, selon elle. Les crimes contre l'humanité, qu'ils concernent les humains ou les animaux, restent toujours impunis". Et Ghina de préciser que la plupart du temps, les braconniers ressortent du poste de police avec un avertissement, et recommencent aussitôt.
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