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En Afrique du Sud, des agriculteurs cultivent d'immenses potagers sur les toits de la ville

À Johannesbourg, l'objectif est de remettre de la nature en ville, en altitude, mais aussi de produire localement. 

Article rédigé par franceinfo - Claire Bargelès
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un homme cultive des épinards sur les toits de Johannesbourg en Afrique-du-Sud.  (GUILLEM SARTORIO / AFP)

En Afrique du sud, la capitale économique Johannesbourg est connue pour ses banlieues très vertes. Mais une fois que l’on pénètre dans le centre-ville, il n’y a plus que du béton et des gratte-ciel à perte de vue. Pour ramener un peu de nature, un incubateur d’idée a décidé de réinstaller des potagers au cœur de la ville en utilisant les toits des bâtiments. En partenariat avec la mairie, cette structure aide les jeunes entrepreneurs qui souhaitent lancer leur ferme urbaine en altitude. 

Les toits et les terrasses transformés en potager 

Linah Moeketsi nous accueille dans son exploitation. Il s’agit d’une serre placée sur un petit bout de toit qui se trouve au bout de l’escalier de service d’un immeuble de la ville. "C’est l’une des meilleures vues sur Johannesbourg. Là-bas on voit les tours de télécommunication. C’est vraiment une jungle de béton, décrit-elle. Mais quand on arrive ici, on découvre quelque chose de totalement différent. On fait pousser trois types de laitues, et à l’extérieur de la serre, des herbes aromatiques." 

Comme la serre est installée sur du béton, il faut pouvoir se passer de terre. Linah Moekets s'est donc tournée vers un système d’agriculture hors sol qui s'appelle l’hydroponie. Les plantes sont placées sur une structure en plastique en forme de A, et des tuyaux leur apportent de l’eau et un liquide nutritif. Ce système permet de limiter les herbicides et de recycler l’eau utilisée.

Jusqu'à 3 000 salades par mois 

Cette production permet à Linah de vivre et de rémunérer trois autres employés. La serre et la structure ont été mises à sa disposition, et elle devra, sur le long-terme, les rembourser, sans intérêts. Ces entrepreneurs travaillent avec des magasins et des restaurants du quartier pour être sûrs d’avoir toujours des débouchés comme l’explique Kagiso Seleka. "Quand j’en produisais, un des restaurants en bas m’achetait tout mon basilic. On fournit aussi des supermarchés. Et la qualité est très bonne, l’un des chefs cuisiniers m’a dit qu’il n’avait jamais vu des laitues aussi belles", explique cet ancien géologue de 34 ans qui s'est reconverti dans l’agriculture urbaine. Il a d’ailleurs trouvé le toit idéal pour sa ferme, puisqu’il s’est installé au sommet de l’immeuble des compagnies minières.

Produire localement et créer des emplois 

Derrière la végétalisation de la ville, l’idée est de produire de la nourriture localement tout en créant des emplois. L’incubateur d’idées derrière ce projet vise en priorité les jeunes et les femmes du centre-ville. Une vingtaine de toits sont déjà occupés par ces agriculteurs urbains. Hala Msimango supervise cette initiative et espère en dénicher davantage : "La question des terres est très compliquée en Afrique du Sud. C'est pourquoi on essaye de localiser des espaces que l’on peut occuper. On fait des recherches sur Google Earth, puis on approche les propriétaires repérés. Certains viennent aussi nous voir volontairement pour nous proposer des endroits libres", explique-t-il. 

Pour ces nouveaux agriculteurs, il faudra relever un dernier défi de taille : les coupures d'électricité. Elles sont nombreuses et détruisent certaines récoltes. Un projet d’énergie solaire devrait bientôt voir le jour pour que les pompes puissent tourner en permanence. 

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