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En Allemagne, on célèbre un événement qui a changé le cours de l'Histoire, deux mois avant la chute du Mur de Berlin

À Leipzig, les habitants commémorent une "prière pour la paix", le 4 septembre 1989, qui s'est transformée en manifestation pour l'ouverture des frontières.

Article rédigé par Ludovic Piedtenu
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
L'église Saint-Nicolas, à Leipzig, devant laquelle s’est tenue la première manifestation le 4 septembre 1989. (LUDOVIC PIEDTENU / RADIO FRANCE)

Il y a 30 ans très exactement, le 4 septembre 1989 à Leipzig en Allemagne, un événement allait changer durablement le cours de l’Histoire. Il est souvent oublié au profit d’un autre, dont les images ont fait le tour de la planète : la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989. Mais tout a commencé deux mois plus tôt à Leipzig.

C’est la fin de l’été et des opposants au régime communiste de la RDA vont, comme ils en ont pris l’habitude, se retrouver dans la Nikolaikirsche, l’église Saint-Nicolas de Leipzig. Elle est au cœur de cette grande ville, à deux heures au sud de Berlin. C’est une église protestante qui, comme toutes les autres, était tolérée, même si le régime maintenait sans cesse une forme de pression et une surveillance avec ses hommes de la Stasi, la police politique.

Une prière pas comme les autres

C’est donc la rentrée, on est un lundi, le 4 septembre 1989. Comme tous les lundis, depuis déjà quelques années, entre 17 et 18 heures, est organisée une "prière pour la paix". Il y a là quelques pacifistes qui s’inquiètent, en pleine guerre froide d’une course à l’armement entre l’Est et l’Ouest. Le régime ne les identifie pas tout de suite comme des opposants farouches.

Ils sont un millier à suivre cette traditionnelle prière dans cette église Saint-Nicolas. On s’approche de la fin, il est bientôt 18 heures et les fidèles vont décider quelque chose de complètement fou : ce lundi ne sera pas comme les autres, ils ne rentrent pas chez eux pour dîner, ils sortent de cette église, s’arrêtent sur la place et manifestent au grand jour. Ces opposants au régime communiste déploient une banderole. Ils demandent l’ouverture des frontières du pays et la liberté de voyager.

Ainsi, la population arrêtera de fuir. "Nous voulons rester ici", clament ces manifestants, comme pour ne pas froisser les autorités. Le geste réclame énormément de courage. Ils n’ont pas choisi ce jour complètement par hasard, ils savent qu’il y a en ville des journalistes étrangers, venus pour la foire du livre de Leipzig. C’est l’un des très rares moments de l’année où des journalistes occidentaux sont autorisés à venir en RDA et pas seulement à Berlin, comme c’était la règle.

Le début d'un mouvement d'ampleur

Cette manifestation ne va donc pas seulement surprendre les autorités et la police secrète. Sa médiatisation va contribuer à lui donner un souffle qui ne s’arrêtera pas… jusqu’à la chute du Mur de Berlin. Tout ça va se faire sans une goutte de sang, d’où le nom de "révolution pacifique" donné à ce mouvement. "Keine Gewalt", "pas de violence" scandent les manifestants dès ce premier rassemblement du 4 septembre. "Wir sind das Volk", "nous sommes le peuple", c’est sans doute le slogan le plus célèbre de ce qui va devenir les "manifestations du lundi", après les "prières pour la paix" et plus seulement dans l’église Saint-Nicolas, mais dans trois autres.

Ils sont 20 000 à défiler fin septembre. Plus de 70 000 le 9 octobre. 120 000 le lundi suivant. 200 000 le 23 octobre. Voici comment les autorités est-allemandes ont été dépassées par le nombre de manifestants. D’autres villes vont rejoindre la contestation. Le Mur de Berlin tombe le 9 novembre et avec lui le régime communiste en RDA. Mais il faut se souvenir que tout a commencé dans cette église de Leipzig, il y a très exactement 30 ans.

Depuis, cette église continue d’accueillir chaque lundi, comme avant la chute du Mur, ces "prières pour la paix". En ce jour particulier, le 4 septembre 2019, l’intérieur de l’église est mise en lumière de façon très spectaculaire, coup d’envoi de deux mois de cérémonies pour ce trentenaire dans cette ville de Leipzig.

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