En Autriche, la présence de Poutine au mariage d’une ministre cet été continue de faire des vagues
L’Autriche est attachée à sa neutralité sur le plan international et cette cérémonie a, selon l'opposition, mis à mal ce principe, brouillant la position du pays vis-à-vis de la Russie.
La présence de Vladimir Poutine le 18 août dernier au mariage de Karin Kneissl, la ministre des Affaires étrangères, provoque toujours de vives réactions. L’Autriche, qui préside actuellement l’UE, serait-elle le laquais de Moscou ? Les services secrets occidentaux peuvent-ils encore lui faire confiance ?
L’Autriche est très attachée à sa neutralité
Karin Kneissl a été nommée à ce poste par le FPÖ, le parti d’extrême droite (qui gouverne aux côtés des conservateurs). C'est elle qui a convié Vladimir Poutine à la cérémonie. Les images du président russe dansant avec Karin Kneissl ont fait le tour du monde. Cet événement continue d’ébranler la classe politique autrichienne, car l’Autriche est très attachée à sa neutralité sur le plan international. Selon l'opposition, cette cérémonie a mis à mal ce principe et a brouillé la position de l’Autriche vis-à-vis de la Russie. D’autant que le pays occupe jusqu’à décembre prochain la présidence du Conseil de l’Union européenne et représente à ce titre les intérêts des 28 Etats membres. Or les relations actuelles entre l’Union et la Russie sont pour le moins difficiles. D’où la colère de l’opposition, notamment celle de l’eurodéputé autrichien Michel Reimon. Selon lui, le gouvernement "est perçu comme le bras droit du régime russe dans l’Union européenne et compromet la bonne réputation de l’Autriche".
Le chef du FPÖ qualifie ces critiques d’”absurdes”
Des critiques balayées par le FPÖ. Heinz-Christian Strache, le président du parti d'extrême droite, qui était présent au mariage, a qualifié ces critiques d’”absurdes” et estime que la présence de Vladimir Poutine est une “immense reconnaissance pour l’Autriche”. Le FPÖ cultive depuis plusieurs années sa proximité avec la Russie de Vladimir Poutine et a même conclu, en 2016, un accord de partenariat avec Russie unie, le parti du président russe. Ce lien a de l’importance car aujourd’hui le FPÖ est au gouvernement et occupe des ministères-clés dont la Défense, les Affaires étrangères et surtout le ministère de l’Intérieur.
Il y a justement des craintes sur l’indépendance des services secrets autrichiens : le BVT, le service chargé de la sécurité intérieure et du contre-espionnage, dépend du ministre de l’Intérieur, Herbert Kickl, membre important du FPÖ. Un ministre très critiqué par l’opposition depuis une perquisition controversée au siège du BVT à Vienne, en février dernier, où les forces de l’ordre avaient saisi des documents sensibles. Et depuis, selon une source interne du BVT, citée par le quotidien autrichien Die presse, plusieurs services occidentaux limiteraient leurs échanges d’informations avec les services secrets autrichiens, de peur que celles-ci ne soient communiquées à la Russie. Des critiques que le gouvernement autrichien juge infondées.
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