En direct du monde. En Equateur, la mairie de Quito met en place un programme anti-harcèlement pour les femmes
Depuis quelques semaines, il existe dans la capitale équatorienne, Quito, un dispositif anti-harcélement dans des transports en commun.
La mairie de Quito, en Equateur, a décidé de s'attaquer frontalement au fléau du harcèlement des femmes dans la rue et dans les transports, en équipant 120 bus publics d'un système d'alerte. En Equateur, 60 % des femmes ont été victimes de violences et dans la capitale, 70 % affirment avoir été victimes de harcèlement dans l’espace public et notamment les transports en commun. Cela peut aller du sifflement soi-disant admiratif dans la rue au compliment non demandé, à des regards insistants et déplacés, jusqu'à des attouchement dans les bus. Le phénomène est culturel, c’est le machisme local qui fait que de nombreux hommes, dont des jeunes, considèrent qu’il est viril de se comporter ainsi vis-à-vis des femmes dont beaucoup d’ailleurs modifient leurs comportements et leurs habitudes pour, par exemple, éviter les transports en commun à certaines heures de pointe.
Donner l'alerte avec son téléphone
C’est d’abord une plateforme web qui permet d’envoyer, depuis son téléphone portable, un message texte au 6367 avec un simple mot : "acoso" (harcèlement) et le numéro du bus. Ce message arrive au centre de contrôle de l’entreprise municipale de transports en commun où l’opérateur va d’abord appeler le téléphone d’où vient le message. L’idée c’est d’en savoir un peu plus, de demander à la victime de s’éloigner de son supposé agresseur, de lui donner quelques conseils de sécurité. En même temps, le chauffeur reçoit un appel de son superviseur l’informant qu’il y a un problème dans son unité et lui demandant de déclencher une alarme.
En général la police et les gardes de sécurité de l’entreprise municipale de transports sont informés et attendent à la station suivante et arrêter le supposé agresseur. Le système est pour l’heure appliqué dans 120 bus mais il intéresse de nombreuses villes d’Amérique latine, selon María Fernanda Pacheco, présidente du Patronat San José, une fondation de la mairie de Quito : "Jusqu’à présent les dispositifs anti-harcèlement n’existaient pas à hauteur d’une ville complète, seulement dans quelques quartiers de Mexico City et de Sao Paulo, au Brésil. En Amérique latine nous sommes les premiers à appliquer le système dans les transports en commun. Des villes comme Bogota et Buenos Aires nous ont demandé des informations. Nous travaillons tous ensemble avec le laboratoire de genre et transports de la Banque Interaméricaine de Développement et la plateforme est citée comme exemple pour ces villes."
Des résultats encourageants selon la mairie
Depuis deux mois, les plaintes se sont multipliées. Il y en a maintenant des dizaines par mois ce qui montre que les femmes peu à peu s’approprient le système qui va être installé dans 180 bus supplémentaires. Dans les cas les plus graves, la justice est intervenue et il y a eu des condamnations à plusieurs mois voire plusieurs années de prison.
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