En Equateur, le rapt de deux journalistes et de leur chauffeur ranime le spectre des Farc
Un journaliste, un photographe du quotidien "El Comercio" et leur chauffeur ont été enlevés en Equateur par un groupe dissident des Farc.
Cela fait deux semaines et demi qu'un journaliste et un photographe du quotidien El Comercio et leur chauffeur ont été enlevés à la frontière de l'Equateur, provoquant une forte réaction de solidarité des médias et de la population. Aucune nouvelle n'a été reçue depuis la diffusion mardi 4 avril par un média colombien d’une courte vidéo constituant la première et seule preuve de vie reçue jusqu’à présent.
Les images montrent le reporter Javier Ortega, 32 ans, le photographe Paul Rivas, 45 ans, et le chauffeur Efrain Segarra, 60 ans, les bras et le cou enchaînés. Ils ont transmis les revendications de leurs ravisseurs qui demandent la libération de trois de leurs membres. Le groupe dirigé par l’Équatorien Walter Artizala, alias "Guacho", demande également que Quito et Bogota dénoncent un accord cadre de lutte contre le terrorisme.
Des groupes dissidents des Farc entre Equateur et Colombie
La situation est explosive à la frontière entre Equateur et Colombie. Entre Quito et Esmeraldas, la ville capitale de la province frontalière du même nom, la situation est normale. En revanche, les contrôles augmentent à mesure que l'on s’approche de la frontière, comme à Mataje où une bombe a récemment provoqué la mort de quatre soldats équatoriens.
Depuis le 27 janvier et l’explosion d’une voiture piégée près du quartier général de la police à San Lorenzo, une dizaine d’attentats ont eu lieu en Equateur, une situation tout-à-fait inhabituelle dans le pays. Après la signature de l’accord de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla des Farc, ces dernières ont évacué les 242 communes qu’elles occupaient, soit environ un cinquième du territoire colombien.
Les forces armées colombiennes étaient censés les remplacer mais la réponse militaire a été trop lente et désorganisée. Du coup, d’autres groupes se sont installées en zone frontière. Cela va de l’Armée de libération nationale (ELN), le Clan du Golfe, les Autodefensas Gaitanistas de Colombia, mais aussi des groupes plus petits appelés dissidents, souvent unis à des cartels mexicains. Parmi ces groupes, celui de l’équatorien Walter Artizala alias "Guacho", responsable de l’enlèvement de ces hommes.
Les routes de la drogue au cœur du conflit
L’hypothèse généralement acceptée est que ces groupes se font la guerre pour le contrôle des routes utilisées pour le trafic de drogue. La phase "chaude" de cette guerre qui devrait durer encore plusieurs mois jusqu’à ce qu’un vainqueur émerge. Viendra ensuite la phase d’intimidation et de corruption des autorités locales, un scénario à la mexicaine.
Ces personnes enlevées sont entre deux feux et dans une situation précaire. Mercredi 11 avril, un message attribué au groupe armé dirigé par El Guacho, a circulé en Colombie annonçant leur mort mais cette information n’a pas été encore être confirmée par Quito ou Bogota.
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