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En direct du monde. En Israël, une exposition polémique présente des œuvres volées à des artistes du monde arabe

Un Israélien a décidé d'exposer anonymement des oeuvres d'artistes arabes. Une initiative loin de faire l'unanimité. 

Article rédigé par franceinfo - Marie Semelin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vue de Tel Aviv, en Israël, en 2014.  (JACK GUEZ / AFP)

Voler des oeuvres d’art, et ne pas s’en cacher ! C’est ce que fait l'exposition "Arab Stolen Art", “Art arabe volé”, qui s'est ouverte à Tel Aviv en Israël. La galerie expose, sans leur accord et anonymement, des artistes du monde arabe. Le responsable de l’exposition, artiste lui-même, revendique l’acte comme une performance, pour questionner notamment les rapports entre Israël et ces pays avec lesquels il ne peut pas communiquer. 

Des œuvres vidéos exposées sans l'accord des artistes arabes

La galerie est en fait un petit espace où sont projetées des oeuvres vidéos, facile évidemment à copier. À l’entrée, le panneau qui présente l’exposition commence par cette phrase bien connue de Proudhon, "la propriété c'est le vol". L’organisateur israélien, Omer Krieger, revendique cette nécessité pour amener au public israélien un travail jamais exposé dans leur pays. Les artistes présentés soutiennent le boycott culturel de l’État hébreu, ou n’ont pas donné suite à ses requêtes pour cette exposition. Il a donc fini par la faire sans leur accord. 

Un geste plutôt mal perçu

L'organisateur de cette exposition évoque une main tendue envers les artistes, dans ce qu’il nomme quand même une "prise d’otage". Pour l’instant, son geste est assez mal reçu, le vernissage de l’exposition a d'ailleurs été houleux. D’autres artistes étaient présents et se sont opposés à lui pour dénoncer un acte condescendant à l'apparence d'un dialogue. 


Il est difficile de savoir précisément qui est présenté dans cette exposition, où les noms des artistes ne sont pas dévoilés. On parle tout de même d’un artiste libanais, Walid Raad, un autre, égyptien, a été identifié. Il s'agit de Wael Shawky, exposé dans le monde entier, et qui est très remonté par la démarche. 

Je refuse radicalement de catégoriser mon travail, ou de me catégoriser en tant qu’artiste arabe

Wael Shawky

à franceinfo

Wael Shawky vit en Égypte. Pour cet artiste, l'exposition est un vol pur et simple. Il est catastrophé de ne pas savoir dans quelles conditions il est exposé, ou encore si son oeuvre présentée l'est dans son intégralité. Il s’oppose également au débat même que ce curateur israélien veut proposer. "Je suis catégoriquement contre exposer- pas seulement en Israël - mais dans n’importe quel endroit qui viole les droits humains, car l’ensemble de mon travail parle des droits de l'homme! Qu’on puisse récupérer mon travail pour le mettre dans un contexte politique, je suis totalement contre ! "

Il envisage, avec sa galerie londonienne de porter plainte. Wael Shawky accuse Omer Krieger de s’offrir un buzz gratuitement, sur ce point c’est plutôt réussi.

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