En direct du monde. Le procès d'un réfugié jugé pour terrorisme en Hongrie
Le gouvernement hongrois est réputé pour sa vigoureuse politique anti-migrants. Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban a fait bâtir une clôture de barbelés à la frontière, limité le droit d’asile et organisé un référendum contre l’accueil des réfugiés.
C’est dans ce contexte qu’a lieu ce procès.
Le procés se déroule dans un contexte particulier en Hongrie. Il y a un peu plus d’un an, le 16 septembre 2015, des affrontements ont opposé des centaines de migrants à la police hongroise, à la frontière. Une frontière que la Hongrie venait justement de verrouiller avec des barbelés. Et les réfugiés qui, jusque-là, entraient librement dans le pays à travers les champs, se sont retrouvés bloqués sans information et sans eau et sous un soleil torride. Excédés, ils ont lancé des pierres sur les policiers. Ces derniers ont matraqué les migrants qui ont fui vers la Serbie. La police a alors arrêté ceux qui ne couraient pas assez vite. Dont Ahmed, un Syrien de 37 ans. Il est accusé d’avoir participé à l’émeute et d’avoir mené une action terroriste, même si, sur les vidéos, on le voit calmer la foule et crier dans un mégaphone : "Police, on vous aime !".
Un procès politique
Pour Amnesty International, ce procès est une parodie de justice. Le juge a refusé d’entendre une dizaine de témoins proposés par la défense. Le parquet présente Ahmed comme un islamiste fanatique. En fait, ce dernier vivait à Chypre depuis dix ans avec sa femme grecque et leurs deux enfants. Il a aussi un passeport chypriote et il est donc citoyen européen. La seule raison pour laquelle il a quitté Chypre l’an dernier, c’est pour escorter ses parents qui fuyaient la Syrie, jusqu’en Allemagne. Ils sont passés par la Hongrie et Ahmed a été arrêté. Il risque de 10 à 20 ans de prison.
La Hongrie continue de durcir le ton face aux migrants
Une deuxième clôture est en train d’être construite, juste derrière la première. Dix km sont déjà achevés. La nouveauté, c’est que c’est une clôture "intelligente". Elle va être équipée de caméras infrarouges, de capteurs de chaleur et de mouvement, et de câbles optiques enfouis sous terre. Pourquoi cette technologie de pointe ? Le Premier ministre hongrois craint que la Turquie ne respecte plus ses engagements et qu’il y ait un nouvel afflux de réfugiés en Europe. Or le grillage actuel est assez facile à couper avec des pinces et une poignée de réfugiés arrive à passer tous les jours. Là ce sera beaucoup plus difficile avec cette clôture "intelligente" qui rappelle, en plus sophistiqué, l’ancien rideau de fer entre l’Autriche et la Hongrie.
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