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En Grèce, les archéologues freinent le projet chinois de Las Vegas pour touristes milliardaires dans le port du Pirée

Le géant chinois Cosco, actionnaire majoritaire du Pirée à Athènes, veut faire du plus grand port de passagers de la Méditerranée le plus grand centre de transit maritime du sud-est de l'Europe.

Article rédigé par franceinfo, Angélique Kourounis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une vue aérienne sur le port du Pirée, à Athènes, le 13 juillet 2004. (FAYEZ NURELDINE / AFP)

Les Grecs ne sont pas encore vraiment en colère, mais ils sont indéniablement inquiets. Le géant chinois Cosco prévoit d'investir environ 600 millions d'euros dans le port du Pirée, à Athènes, pour en faire une sorte de Las Vegas pour touristes milliardaires. Il s'agit là d'un des plus importants investissements du pays auxquels le gouvernement d’Alexis Tsipras est très attaché.

L'actionnaire majoritaire veut construire dans le plus grand port de passagers de la Méditerranée des hôtels gratte-ciel, un énorme centre commercial, un terminal supplémentaire pour les produits pétroliers et deux nouveaux gigantesques quais pour bateaux de croisière.

Le stop des archéologues

L'entreprise chinoise veut faire du Pirée un pont entre l’Asie et le Vieux-Continent en le transformant en plus grand centre de transit maritime du sud-est de l'Europe. Sauf que le service archéologique a mis le holà en déclarant les trois quarts du Pirée zone archéologique. Cela le rend donc protégé par la Constitution. Le port athénien était déjà considéré comme zone archéologique, mais pas sur toute cette surface.

Les archéologues sont inquiets de la construction de gratte-ciel qui va dénaturer l’ensemble du paysage. Pire, la tombe de Thémistocle, l'illustre politicien de l’époque classique, sera noyée dans le centre commercial, tandis que le mur antique du Pirée risque fort d’être transformé en parking. Les archéologues ne disent pas "non" aux investissements, ils disent : "Oui, mais." Ce qui ne convient pas du tout aux investisseurs.

Tout le monde était d’accord alors que les problèmes étaient connus. Ce contrat a été signé et il doit être respecté. Quand on passe un accord, on ne peut pas revenir dessus.

Dimitris Titopoulos
directeur de la Chambre de commerce grecque

à franceinfo

Tous les Piréotes ne sont pas opposés à ces investissements. Il y a les pragmatiques qui voient les choses très différemment. "Il faut que cet investissement se fasse pour développer la région et donner du travail", estime Aris. Ce commerçant quadragénaire explique que "personne ne vient voir les vieilles pierres" [sur le Pirée]. "Les gens vont voir l’Acropole. Ici, ils vont voir quoi ? Pour que les gens viennent, il faut que toute la région soit réaménagée et valorisée".

Le gouvernement doit rencontrer le Conseil centrale des archéologues pour trouver une solution très rapidement. L'entreprise chinoise Cosco a d’ores et déjà fait savoir qu’il n’était pas pour eux question de faire marche arrière.

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