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En Inde, les habitants d'Hyderabad sous surveillance généralisée

En Inde, la ville d'Hyderabad est devenue en quelques années la capitale nationale des caméras de surveillance. Les autorités en sont fières, assurant que cela rend la ville plus sûre, mais les défenseurs des libertés sont alarmés par l'usage qui peut en être fait.

Article rédigé par Sébastien Farcis - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des caméras de vidéosurveillance à un feu de signalisation à New Delhi, en Inde, le 25 janvier 2020. Photo d'illustration. (FRM / DPA)

La ville d'Hyderabad est l'une des grandes capitales des nouvelles technologies indiennes : Google et Facebook y sont installés, et c'est ici aussi qu'Amazon a ouvert son plus grand campus au monde. La culture de la tech s'immisce donc partout, jusqu'au sommet de l'administration, où les élus ont décidé de recourir à un réseau impressionnant de caméras de surveillance pour sécuriser cette ville de plus de 10 millions d'habitants.

Près de 700 000 caméras ont été installées dans la cité et sa banlieue soit environ une caméra pour 15 habitants. Impossible de s'y déplacer sans passer à l'écran. La police assure que cela aide grandement à lutter contre la criminalité : les crimes enregistrés, dit-elle, ont baissé de 9% ces deux dernières années, alors que le taux de condamnation des accusés a fortement augmenté.

Aucune loi de protection de la vie privée

Mais ces caméras pourraient aussi avoir un effet pervers car le gouvernement est sur le point d'ouvrir un gigantesque centre de commande et de contrôle policier, où seront rassemblées les images de toutes les caméras d'hyderabad, munies d'un logiciel de reconnaissance faciale.

Le problème est que l'Inde ne compte pas de loi de la protection de la vie privée, ni d'organisme indépendant de contrôle de l'utilisation de ces images, comme la CNIL en France. Le citoyen ne sait donc pas comment seront utilisées ces données personnelles, ni pendant combien de temps elles seront conservées. Amnesty International a mené une enquête sur ce sujet et contacté cinq entreprises spécialisées dans la reconnaissance faciale. Aucune n'a affirmé avoir de ligne de conduite sur les droits humains au moment de la vente de leurs produits, elles disent seulement respecter les lois indiennes, qui sont muettes en la matière.

La grande majorité de la population n'est pas au courant de ces risques, surtout les plus pauvres et moins éduqués. Pourtant ce sont les plus vulnérables à un possible harcèlement policier. La police indienne demeure encore très corrompue et influencée par le pouvoir politique. Les plus riches ou influents peuvent s'en sortir, même quand il y a des images à l'appui, alors que ces caméras de surveillance, sans garde-fous, peuvent se transformer en instrument de traque contre les militants ou populations opprimées qui protestent dans la rue.

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