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En Inde, l’interdiction de l’alcool pour cause de coronavirus devient un problème de santé publique

En seulement quatre heures, tous les débits de boissons indiens ont reçu l’ordre de fermer. Les alcooliques affluent dans les hôpitaux et les centres de désintoxication avec de sérieux symptômes de sevrage comme la dépression, la confusion mentale ou l’épilepsie.

Article rédigé par franceinfo - Côme Bastin, édité par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une agent de police, dans une rue d'Hyderabad, en Inde, le 16 avril 2020. (NOAH SEELAM / AFP)

Un verre de vin, une bière : voilà qui adoucit - avec modération - la vie de certains citoyens confinés. En Inde, où le confinement vient d’être renouvelé pour cause de coronavirus pour 1,3 milliard d’Indiens, la situation devient impossible : depuis que le confinement a été décrété, la population a été mise au régime sec. Imaginez : en seulement quatre heures, le 24 mars, tous les débits de boissons de la deuxième population mondiale ont reçu l’ordre de fermer.

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Alors certes, on boit assez peu en Inde : environ quatre litres d’alcool pur par an et par habitant, contre douze en France. Mais il n’empêche, depuis cette prohibition, les malaises et les morts se multiplient.

La direction des Douanes recommande la méditation

Les alcooliques affluent dans les hôpitaux et les centres de désintoxication avec de sérieux symptômes de sevrage comme la dépression, la confusion mentale ou l’épilepsie. Dans le Telangana, la direction des Douanes a recommandé la pratique du yoga et de la méditation, mais rien n’y fait : dix personnes se sont suicidées.   Dans le Kerala, champion de l’alcoolisme en Inde, le sevrage a fait pour l’instant plus de morts que le coronavirus. Au point que le gouvernement autorise la livraison d’alcool sur ordonnance, avant d’être désavoué par la Cour suprême. Dans la ville de Pune, un chauffeur de rickshaw en est même venu à s’immoler par le feu.

Beaucoup de trafiquants ont flairé le filon et ont fait des stocks, qu’ils revendent désormais à prix d’or dans les grandes villes. Le problème est que la plupart des alcooliques en Inde sont des travailleurs pauvres qui n’ont pas les moyens de se le payer et se tournent du coup vers les alcools de fortune très dangereux. Sur Google la requête “Comment fabriquer de l’alcool à la maison” a explosé. Dans le Tamil Nadu, cinq hommes ont trouvé la mort en essayant de s’enivrer avec du vernis ou de l’après-rasage.

Certains revendent les rations alimentaires offertes par l'État

Pour se payer un verre, certains en arrivent même à revendre les rations de nourriture offertes par l’État ou la société civile. Cela conduit à des affrontements dans les ménages. C’est ce qu'a expliqué Navneet, un travailleur social qui livre à manger dans les quartiers les plus pauvres de la ville de Bangalore.

Lorsque les maris essaient de revendre le riz ou le blé qui est dans la cuisine, les épouses protestent. Alors par désespoir et parce qu’ils ne savent pas canaliser leur colère, ils deviennent violents et battent leurs femmes.

Navneet

à franceinfo

L’Association des vins et spiritueux indiens a écrit au gouvernement pour réclamer un assouplissement. Devant les ravages de la prohibition, l’État de l’Assam a autorisé l’alcool deux jours, avant d’être réprimandé par le gouvernement national, décidément inflexible sur cette cure.  

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