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En asie du sud-est, la crise du Covid-19 provoque une hausse des mariages de très jeunes filles

Le coronavirus concentre toute l'énergie des autorités sanitaires, au détriment de l'éducation sexuelle et de l'accès à la contraception. Le mariage des très jeunes filles est aussi vu par certaines familles pauvres comme un moyen de mieux les protéger.

Article rédigé par franceinfo - Gabrielle Maréchaux, édité par Valentine Joubin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un mariage à Kuala Lumpur (Malaisie). Photo d'illustration. (SAEED KHAN / AFP)

Près de sept mois après l’apparition de premier cas de Covid-19 en Asie du sud-est, la pandémie est aujourd’hui à l’origine d’une hausse des mariages précoces dans ce pays d'Asie du Sud-Est. Le coronavirus est en train de réactiver des phénomènes observés lors de précédentes crises sanitaires, comme celle par exemple du virus Ebola, où tous les facteurs aggravant les risques de mariages de très jeunes filles sont observés.

Sai Jyothirmai, de l'ONG Arrow, un centre de ressources et de recherche pour les femmes en Asie-Pacifique, explique que le coronavirus a bouleversé les priorités de santé publique des autorités sud-est asiatiques. "Les services et les informations liés à la sexualité, à la contraception, ont été laissées pour compte et n’étaient plus considérés comme urgents. En plus de cela, à l’échelle de la famille et du foyer, on a pu constater que des parents avec de grandes difficultés pour nourrir leurs enfants, qui ont parfois perdu leurs salaires, veulent malgré tout cela protéger leurs enfants, poursuit Sai Jyothirmai. Ils tentent aussi de les protéger de dangers à l’intérieur même du foyer où les enfants sont très vulnérables face à la violence, aux agressions sexuelles. Et pour résoudre tous ces problèmes, le mariage précoce peut alors être considéré comme une solution."

Pas d'âge légal pour les mariages religieux

On ne connaît pas encore l'ampleur du phénomène car les chiffres 2020 du nombre de jeunes filles mariées bien avant leur majorité sont en train d’être collectés. Mais tous les acteurs de terrain se préparent déjà à voir non pas un retour à la normal s’opérer mais un retour en arrière."Il y a eu des progrès ces dernières années, mais le coronavirus a généré un rétropédalage, explique Sai Jyothirmai, et dans ce scénario de 'nouvelle norme' qui se dessine, j’ai vraiment le sentiment que l’on va devoir retourner plusieurs étapes en arrière et recommencer à partir de là." 

Les progrès qu’évoquent la chercheuse du centre de ressources et de recherche pour les femmes en Asie Pacifique sont, par exemple, le changement l’année dernière en Indonésie – un pays où une fille sur sept est mariée avant 18 ans – de l’âge légal du mariage. Il est désormais de 19 ans mais concerne seulement les mariages civils, et non les mariages religieux. Or ces derniers paraissent avoir augmenté cette année. Une chercheuse en a compté 24 000 rien qu’en juin 2020, un nombre plus de deux fois supérieur aux données récoltées sur toute l’année 2012. 

Autre signal alarmant en ces temps de pandémie en Asie du Sud-Est : le baby boom de l'Indonésie. L’archipel qui a tâché, en vain, d’éviter une hausse des naissances s’attend désormais à 400 000 bébés supplémentaires par rapport à la moyenne de l’année dernière, faute d’accès facile à la contraception, et de droit à l’avortement.

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