En Suisse, une association forme les réfugiés au codage informatique
Powercoders, une association à but non lucratif, a mis au point une école de codage destinée aux réfugiés et aux migrants. Le but est de mieux aider ces populations à s'insérer dans la vie active.
Une association suisse a trouvé un moyen pour aider les réfugiés à trouver un emploi : elle les forme au métier de programmateur informatique. Les entreprises suisses peinent à en trouver, alors qu'il faudrait en recruter plus de 40 000 d'ici à 2026.
Powercoders est une association à but non lucratif, présente à Berne, à Bâle ou encore à Zurich. A Lausanne, les cours se donnent dans un immeuble partagé par des associations sur les hauteurs de la ville qui domine le lac Léman. Une salle de cours, un vidéoprojecteur, vingt élèves, autant d'ordinateurs et surtout, de la bonne humeur. Le professeur d'informatique, Sorin Paoun, a dû s'adapter à ses nouvelles conditions de travail. "J'ai dix-huit ans d'enseignement à mon actif et je n'ai jamais été aussi respecté en classe. On me tire la chaise presque, on m'amène du café. Au niveau de la motivation, il n'y a pas mieux qu'eux."
Une formation et un stage
Pour être admis, un minimum de bagage est nécessaire, mais pas besoin d'être un crack en informatique. Il y a quelques mois encore, Ali, Mohsen et Caroline étaient loin d'imaginer qu'il pourrait devenir des codeurs professionnels. "C'est vraiment un trésor pour moi. Il y a quatre ans que je suis ici. Je ne sais rien faire mais maintenant avec Powercoders, je commence à m'imaginer un futur", explique Ali. Mohsen quant à lui est "ingénieur en mécanique mais [il] n'a pas trouvé de travail". Cette formation lui paraît simple même s'il n'était pas codeur au départ. "Je n'aurais jamais pu imaginer faire du codage un jour mais j'ai découvert l'association ainsi qu'un autre aspect de moi-même", se surprend Caroline.
La formation dure trois mois et se termine par stage en entreprise d'une durée de six à douze mois, et le système fonctionne. Environ la moitié des anciens élèves de Powercoders ont trouvé un emploi stable à leur sortie, même si la conjoncture n'est pas des plus favorables. Il est vrai que la Suisse connaît le plein emploi, avec un taux de chômage qui dépasse à peine les 2 %. Un chiffre qui fait rêver n'importe quel pays, mais du côté des réfugiés, ce pourcentage atteint les 80 %, voire les 90 % dans certains cantons comme Genève.
Yesterday, 16 über friendly & motivated migrants in #Lausanne completed their 3 months program and learnt how to code thanks to @PowerCodersHQ - I am glad to have volunteered 2 afternoons to help them build a better future for themselves! -> https://t.co/NtQb4fYsjC pic.twitter.com/P4UmDHKhKQ
— Dinesh Bolkensteyn (@DBolkensteyn) 28 juin 2019
La Suisse veut mettre un terme au travail au noir
La Suisse n'est pas un véritable eldorado pour les réfugiés et les migrants qui sont soumis aux mêmes contraintes pour accéder au marché du travail, que ce soit des problèmes de formation, de discrimination, ou bien la méconnaissance de la législation par les employeurs suisses. Le travail au noir est encore largement répandu, c'est pourquoi la Suisse encourage et finance des démarches comme celles de Powercoders. D'autres initiatives ont eu lieu, notamment pour former des migrants dans des métiers sous tension, comme auxiliaire de santé.
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