"Marre de cette société patriarcale !" : au Liban, la ville de Saïda interdit aux femmes de porter un maillot de bain sur la plage
Tout commence il y a deux semaines, lorsqu'une femme, Mayssa, 43 ans, prend le soleil en maillot de bain sur une plage de Saïda, une ville cotière du Liban située à 40 km au sud de Beyrouth. Elle discute avec son mari, quand tout à coup deux hommes, qui se présentent comme des porte-parole de la communauté musulmane, leur demandent de quitter les lieux. Le ton monte. Un groupe d'une quinzaine de jeunes hommes les encerclent et les harcèlent. ''L'un d'entre eux a dit à mon mari : 'C'est interdit. Dieu n'accepte pas qu'on porte un maillot de bain sur la plage. Elle est nue. Tu n'as pas honte ?' J'ai répondu que je n'étais pas toute nue et que j'étais en maillot de bain."
"Quand je vais à la mosquée, je porte un foulard. Quand je vais au bureau, je mets un tailleur. Et quand je vais à la plage, je mets un maillot. C'est mon droit et si tu n'es pas content tu n'as qu'à pas venir ici."
Mayssa, 43 ansà franceinfo
Des plages privées pour pouvoir se baigner en maillot
Immédiatement, des femmes libanaises se mobilisent pour protester contre cette mesure, et sans surprise, les partisans de cette interdiction leur répondent en criant "Allah akbar". Au final, ce sont les intégristes qui ont eu le dernier mot pour le moment. Un panneau avec inscrit "Maillot de bain interdit" trône désormais à l'entrée de la plage. C'est une première au Liban, où depuis toujours on peut voir des femmes entièrement couvertes nager à côté d'autres en maillot de bain.
Pour Mariam, rencontrée sur le sable avec sa sœur, cette décision est tout simplement scandaleuse. ''Moi, je suis voilée. Donc je porte des manches longues. Mais ma sœur ne l'est pas. Et si elle veut porter un deux-pièces à la plage, elle a le droit ! Nous sommes dans un pays libre. Personne ne peut nous interdire d'aller sur une plage publique, habillées comme on veut. Il y en a marre de cette société patriarcale ! Au lieu d'emmerder les femmes, occupez-vous de vos affaires !'"
Un recours doit être bientôt déposé pour faire abroger ce nouvel arrêté municipal. En attendant, les femmes de Saïda sont obligées d'aller dans des plages privées payantes à quelques kilomètres de la ville, si elles veulent continuer de pouvoir se baigner en maillot.
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