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Morose bilan 2015 pour l'Afrique du Sud

En Afrique du Sud, on ne sera pas mécontent de tourner la page de 2015. Le pays a vécu une année très tendue sur le plan social, avec beaucoup de mouvements de contestation, dans un contexte économique plus que morose.
Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le ministre des finances sud-africain Pravin Gordhan (gauche) et le Président Jacob Zuma (droite) © REUTERS/Rogan Ward)

Les critiques sont de plus en plus virulentes contre l'ANC, le parti majoritaire au pouvoir depuis la fin de l'apartheid en 1994. La situation économique de l'Afrique du Sud y est pour beaucoup : vingt et un an après la fin de l'apartheid, la société sud-africaine est toujours marquée par de profondes inégalités et le chômage endémique touche au moins un quart de la population active. Une situation qui crée des frustrations et de grosses tensions sociales dans le pays.

Valse des ministres des Finances et chute du cours de la monnaie

Au début du mois, le gouvernement sud-africain a fait face à une nouvelle fronde populaire, lorsque le président Jacob Zuma a décidé de limoger sans préavis son ministre des Finances Nhlanhla Nene, un partisan de la rigueur budgétaire.

A la place de cet homme respecté, le président sud-africain a nommé l'un de ses proches, inconnu et inexpérimenté. Une décision unilatérale qui a fait scandale et provoqué une chute du cours du rand. La monnaie nationale sud-africaine a chuté de 5 % face au dollar dès le lendemain.

Le président Jacob Zuma a été sévèrement et unanimement critiqué pour cette décision. Des manifestations ont eu lieu à travers tout le pays pour appeler à la démission du président sud-africain, jugé incompétent et corrompu. Après 4 jours d'intenses polémiques, Jacob Zuma a finalement fait marche arrière en nommant Pravin Gordhan au ministère des Finances, un poste que celui-ci avait déjà occupé entre 2009 et 2014. Mais cette valse de ministres des Finances a affaibli durablement la monnaie nationale et fait monter d'un cran les inquiétudes des investisseurs et des analystes.

Croissance en berne et tensions sociales

En plus des problèmes monétaires, le pays doit faire face au ralentissement de sa croissance : seulement 1,4 % attendu cette année. Un chiffre qui inquiète aussi les agences de notation, qui remettent en cause la capacité du gouvernement sud-africain à entreprendre les réformes nécessaires pour stimuler la croissance. 

​Autre facteur négatif : les grèves à répétition dans le secteur minier mais aussi la vétusté des infrastructures, alors que le pays peine toujours à produire suffisamment d'électricité pour répondre à la demande. Pour ne rien arranger, l'Afrique du Sud connait sa pire sécheresse depuis 30 ans. C'est un coup dur pour l'agriculture, qui va entrainer une hausse des prix de la nourriture dans les prochains mois. 

L'année 2016 s'annonce donc pleine de défis pour l'Afrique du Sud, sur le plan économique comme sur le plan politique, puisque les élections municipales du mois de mai pourraient donner un  nouvel avertissement au Congrès national africain (ANC).

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