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En route vers Paris 2024. Badminton : la magie du double mixte

Cécilia Berder, membre de l'équipe de France d'escrime, revisite l'actualité olympique en vue des Jeux de Paris en 2024. Cette semaine, une discipline très tactique : le badminton, en double mixte. 

Article rédigé par franceinfo, Cécilia Berder
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Ronan Labar and Audrey Fontaine , le 3 juillet 2018 à l'Open de Djakarta en Indonésie.  (GETTY IMAGES)

 Les Internationaux de France de badminton du 23 au 28 octobre à Paris au stade Coubertin.

Cet événement donne l'occasion d’évoquer une discipline toute particulière : le double mixte. Particulière, car la mixité dans le sport n’est pas chose commune. Dans les disciplines olympiques, seule l'équitation est un sport complètement mixte.

Elle se fait malgré tout de plus en plus de place dans le monde olympique. Pour preuve, aux Jeux de Rio en 2016, 9 épreuves sur les 306 épreuves étaient mixtes. A Tokyo en 2020, elles seront au nombre de 18, avec l’ajout d’épreuves mixtes en natation, judo, athlétisme, tir, cyclisme, tennis de table ou triathlon.

La solution : viser la fille?

Mais l'originalité du double mixte dans les sports de raquettes reste que le garçon et la fille jouent côte à côte. Leurs qualités physiques et leurs gabarits différents engendrent de fait un rapport de force inégal.

Mais, au plus haut niveau, viser la fille de toutes ses forces en pensant qu’elle n’aura pas la puissance pour faire durer l’échange reste un mauvais raccourci. Surtout au badminton, tant la discipline est tactique. Le hasard n’a pas sa place. Analyse des trajectoires, orientation des appuis et surtout placement des joueurs : le duo doit être capable de se mettre très rapidement dans la position idéale, la position d'attaque, où la fille est au filet à l’affût de la moindre interception et son partenaire derrière prêt à smasher.

Ronan Labar et Audrey Fontaine, les n°1 français du double mixte et médaillés de bronze aux championnats d'Europe en 2017, nous expliquent justement leur gestion de ce rapport de force. Pour Audrey, la solution est dans le travail :  "Si je me retrouve en position de défense, je sais que le garçon va beaucoup taper sur moi, mais on travaille énormément dans ce sens pour que je sois capable de réaliser un coup gagnant ou au moins de trouver une solution pour reprendre la main sur l’échange".

Une partie d'échecs

Pour Ronan, "taper sur le point faible, ne veut pas dire viser la fille car il y a des filles qui défendent bien mieux que des garçons. Le double mixte est une partie d’échecs où on doit trouver la faille, la zone ou la trajectoire qui va déstabiliser la paire adverse".

Après avoir un temps joué en double dames, Audrey est devenue au fil des années une experte en  double mixte: "deux filles sur le terrain, ça se prend parfois un peu trop la tête alors qu'avec un garçon c'est plus précis et souvent plus direct".

Dans ce partenariat, le duo doit être en capacité de trouver très vite des repères sur le terrain et dans leur relation. Comprendre l’autre, sentir son doute, le soutenir, le couvrir mais sans se faire polluer, comme nous l'explique Ronan: "si notre partenaire est en difficulté, avec un regard, un geste on l’encourage, mais il est essentiel de rester concentré sur son niveau et son plan de jeu. Si je continue à bien jouer, ça peut faire revenir ma coéquipière dans le jeu. Si je la regarde de trop, ça peut très vite être à mon tour de douter."    

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