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En un mot. Il fait froid, les migrants dorment dans des boites en métal

Le mot de l'actu du jour est froid. Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
À Calais, les migrants sont accueillis dans des conteneurs et des hangars en raison du froid (illustration). (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Froid. Mot qui vient du latin Frigidus, qui signifie "glacé", et par extension  "fade, insignifiant". Une vague de froid déferle sur la France lundi 5 février, alors que 22 départements sont placés en "alerte grand froid".

Ce n’est pas tout à fait la sensation que nous avons. Non, la température n'est pas fade, ce n’est pas vraiment ça. Cela ressemble plutôt à un texte d’Anna de Noailles : "Le matin était sec et craquant de froid. L’air glacé et contracté semblait souffrir, comme portant en soi de l’oppression, une fêlure".

La grande fêlure qui soudain s’impose à nous et aux plus démunis. À ceux qui ne peuvent réchauffer leurs corps. Le froid assaille et provoque un recroquevillement de nos corps, comme une peur d’être atteint par cette sensation que l’on connaît pourtant très bien, mais que l’on redécouvre à chaque hiver. Étrangement, cette sensation de glaçon ouvre légèrement nos cœurs.

Des conteneurs pour sans-abris

Soudain, la lame glaciale entrée dans nos chairs entraîne un taux de réactivité supérieur à la normal saisonnière. Il arrive à nos cerveaux des éventualités, jusque-là enfouies, comme par exemple ouvrir des lieux pour héberger des gens qui ont froid. À Calais, ce qui se passe est magique. La fée hiver est arrivée dans son grand manteau, une baguette au bout des doigts, et, oh miracle, elle a réussi à dégotter des abris. Ce sont des "conteneurs", sorte de caissons métalliques, conçus pour le transport de marchandises.

À Calais, le conteneur sert aux hommes. Là-bas, sur les chemins de l’errance, c’est toute une histoire. Chaque année, cet objet incarne la possibilité d’un hiver presque généreux. Un chouia humain. Amenés sur place pour héberger des migrants, puis démontés, ils seront ré-amenés sur place quand le froid est trop fort. Le chemin du conteneur est presque aussi long que celui de son habitant. Ce bloc de métal devient maison de nuit pour exilés. Mais attention, il ne faut pas s’y habituer, car il va de nouveau être démonté, puis remonté, puis il va repartir.

En un mot : le froid saisit les êtres, et leurs cerveaux. Jusqu’à la possibilité de les faire dormir dans des boites de sardines géantes.  

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