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En un mot "La France et l'Aquarius", une très vilaine fable à ne pas raconter aux enfants

Le mot de l'actu du jour est: Aquarius. Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le navire Aquarius dans le port de Palerme, en Italie, le 13 octobre 2017. (ALESSANDRO FUCARINI / AFP)

Aquarius. Mot qui vient du latin "aqua", qui signifie "eau". Mot qui vient aussi de : "celui qui bâtit les aqueducs". Ah là, il y a eu un bug dans la construction visiblement. Car depuis dimanche, c’est-à-dire depuis quatre jours, un bateau erre, au gré du temps et des vents, en pleine Méditerranée. Sur les images, on voit cette coque rouge, seule, au milieu des flots. Un député a dit tout à l’heure à l’Assemblée : "il faut réaliser, il n’y a pas de marchandises à bord ! Il y a des enfants, des femmes enceintes, des hommes". Une coque rouge, des mâts jaunes, et près de 700 personnes à bord. Mais que se passe-t-il depuis 4 jours ? Rien. À part cette errance. Et vogue le navire…

Et puis, ce matin, soudain, au saut du lit : un corse a crié. À sept heures, Gilles Siméoni twitte : "manque de vivres, mauvaises conditions météo, et port espagnol trop éloigné : face à l'urgence, le Conseil exécutif de Corse propose à @SOSMedFrance d'accueillir l'Aquarius dans un port Corse". Fin du twitt. Et hop hop hop, tout le monde s’est réveillé ; avec le visage rayé d’avoir trop dormi, et une belle trace d’oreiller sur la joue.

Alors ? Qui pour accueillir l’Aquarius ? Emmanuel Macron ? Ah super. Ah non, finalement : ce n’est pas notre mer ! C’est pas not ’tour ! On peut juste aider un peu. Le porte-parole a expliqué "qu’il faut que ce soit la côte la plus proche, qui assume la responsabilité de l’accueil". "L’Italie, a ajouté Benjamin Griveaux, s’est substitué aux autorités libyennes… mais sans aller jusqu’au bout de la démarche". Puis il a tapé tapé tapé tapé, sur la tête des Italiens, évoquant "leur cynisme et leur irresponsabilité face à une situation humanitaire dramatique".

"Dramatique". Le mot est dit, rabâché, et clamé, et re-dit. Jusqu’à la nausée, puis on s’en étrangle. Ça ne passe pas. l’Italie est carrément vomie. Mais la France, elle, elle est… recrachée. Des députés La République en marche, dénoncent "la France […] ne peut rester silencieuse… La France doit être moteur dans la construction d’une politique migratoire européenne". Le porte-parole LREM au Sénat a même dit, "ne pas imaginer que la France ne fasse rien". Et bien si, mesdames et messieurs.

En un mot : la France, celle qui parle à Poutine, à Trump, qui agit nous dit-on. La France qui se dit être un grand pays, avec de belles idées. Cette France n’a pas bougé le petit doigt, depuis quatre jours. À défaut de gravir un immeuble pour sauver un enfant, je ne sais pas, sortez les rames de l’Aquarius. Bougez-vous ! Et prouvez, oui, prouvez, que vous êtes bien des enfants, femmes, des hommes.

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