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En un mot : le suicide assisté ou le courage de dire non à la vie

Le mot de l'actu du jour est : bioéthique. Cela n’aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La circulaire du 12 décembre sur l'accélération des expulsions et l'introduction de contrôles au sein des centres d'hébergement d'urgence suscite une vague d'indignation (Image d'illustration). (MAXPPP)

Les débats seront longs, c’est la moindre des choses. Les États généraux de la bioéthique ont démarré, jeudi 18 janvier. Ils dureront jusqu’en juillet prochain. Puis, naitront des textes de loi. En bioéthique, aucune discussion ne peut être expédiée ou écornée. Tout mot compte. Tout choix embarquera la société dans une ère nouvelle. Tout choix se doit d’être courageux. Le mot du jour est donc : bioéthique. Ce mot qui vient du grec Bios, qui signifie vie, et d’Ethicos, qui veut dire moral.

Au menu des États généraux, des dossiers devenus incontournables : la gestation pour autrui, l’extension de la procréation médicalement assistée et l’euthanasie. Ce ne sont pas des dossiers, mais des bombes à retardement. Si, par exemple, le suicide assisté était légalisé, ce serait une révolution sans doute du niveau de l’IVG. Choisir sa fin de vie, est devenue un combat. On en parle ouvertement, on raconte, on témoigne de ce crépuscule, qui peut devenir un calvaire pour la personne et sa famille.

L'agonie d'un père

J’entendais à la radio, jeudi matin, une femme évoquer l’agonie de son père : "Il avait un cancer. Il était hospitalisé dans un petit établissement, on l’a mis en soins palliatifs, mais le week-end est arrivé et le personnel est parti. On s’est retrouvés seuls, avec mon père. Il était censé partir tranquillement. Ils ont arrêté de lui donner de la morphine. Ils ont tout arrêté, même l’eau à boire. Mon père a hurlé, pendant 3 jours." Elle finit par lâcher cette phrase : "En fait, mon père est mort de soif." Terrifiant.

La loi de 2016, qui crée de nouveaux droits en faveur des malades en fin de vie, garantit "le meilleur apaisement possible de la souffrance", avec un "droit à la sédation". La sédation… le droit de partir à petit feu, en douceur, avec ses réussites avérées et aussi son lot de grandes douleurs. Certains parlent alors du suicide, ils le réclament.

Se donner la mort ou se faire aider à cela reste un immense débat traversé par le malaise, le doute, l’accusation et la peur, comme ce fut le cas pour l’IVG. Des sociologues estiment que c’est l’évolution d’une société, ses nouveaux besoins, ses envies profondément renouvelées, qui peuvent aboutir à de grands changements bioéthiques. Le suicide assisté en fait partie. Dans Le tout dernier été, Anne Bert, malade, décide de partir mourir à l’étranger… Atteinte de la maladie de Charcot, l’écrivaine refuse ce qu’elle nomme "les aides à sous-vivre".

En un mot : six mois d’intenses et complexes débats, sur le début et la fin de la vie, c’est bien le minimum.

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