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En un mot. Plan Macron : le devoir d'émancipation des banlieues

Le mot de l'actu du jour est : "Quartier". Cela n'aura échappé à personne. Surtout pas à Nathalie Bourrus.

Article rédigé par franceinfo, Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron, le 22 mai 2018, après la présentation d'une série de mesures pour les quartiers défavorisés s'inspirant, en partie seulement, du rapport remis par Jean-Louis Borloo. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Quartier. Mot qui vient du latin Quarterium. Et qui signifie "Quart". Un quart est l’une des quatre parties, plus ou moins égales d’un tout. C’est un peu, comme le camembert, au Trivial poursuit. Il faut avoir le plus de parts possible. Dans le dossier des banlieues, beaucoup s’accroche à sa part.  Et nombreux sont ceux qui en ont fait commerce.

Il n'y aura pas de plan banlieue

"Merci d’être là, vous êtes nombreux, y’a beaucoup de gens debout", a lancé Emmanuel Macron, dans son discours, tout à l’heure. D’emblée, le chef de l’Etat a tapé fort.  Dénonçant "cette politique de clientèle", comme une exportation à en finir avec cela. "Oui les quartiers ont des talents", a poursuivi Emmanuel Macron, mais "il y a des zones explosives…" "Nous sommes obligés de parler de ce qui se passe à Marseille." Jean-Louis Borloo , l’homme qui a remis son plan banlieue, est là. Il attend. Lui aussi, malgré ses dires, veut son dû, sa part. "La 4e génération ne croit plus dans les politiques (…) Il faut une méthode différente." Là, c’est clair, y’en aura pas pour tout le monde ! "Je sens une concurrence des énergies (…). Il y a eu un travail piloté par Jean Louis Borloo." Oh la la, le "y’a eu", ça sent le roussi. Il n’y aura pas de plan banlieue, avec des gens qui s’y impliquent pour mieux se servir. Voilà le message essentiel d’Emmanuel Macron.

Donner le droit de grandir aux banlieues

"Les gens qui vivent dans les quartiers, ont besoin qu’on les aide, qu’on les porte", dit il. Il parle de quelque chose qui a été "abîmé". On parle là, de réparer les ratages du passé. II parle alors d’émancipation. "Ceux qui n’ont pas réussi depuis 20 ans, c’est pas de notre faute … Nous on est là depuis un an !", lance t il, la sourire aux levres. Applaudissements. Il parle d’outils (comme l’Anru) "abîmé", "avec des délais rallongés, trop de bureaucratie". Il parle de "bousculer les habitudes prises". Il parle de laisser les maires, agir. Emmanuel Macron demande à chacun de se surpasser, d’oublier les vieilles recettes, de tenter autre chose.

En un mot : sur ce dossier cruel des quartiers, dans lesquels j’ai si souvent trainé mon Nagra et mon stylo, je ne peux pas contrer totalement ni véritablement le chef de l’Etat. Car le mot quartier signifie aussi : la partie importante d’un tout. La plus importante. On l’a vu, chacun veut sa part du gâteau, se bat (entre autres) pour avoir son dû… ce temps-là semble révolu. On n’aura plus le droit de s’arracher le camembert banlieue, on devra lui donner le droit de grandir.

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