Fabien Roussel : rassemblés, oui… mais dans la différence !
Le processus d'union de la gauche est en cours en vue des élections législatives et nous commençons à entendre des discours différents ... derrière le rassemblement.
La France insoumise et le Parti socialiste ont annoncé, mercredi 4 mai, être parvenus à un accord pour les législatives. Cet accord doit encore soumis au vote d'approbation interne des socialistes. Ce processus d'union à gauche est néanmoins plus que jamais en cours. Les communistes ont d'ailleurs rejoint, mardi, la nouvelle Union populaire, écologique et sociale. Mais des discours différents commencent à se faire entendre.
C’est le moins que l’on puisse dire en effet ! Mercredi matin, le secrétaire national du Parti communiste français et ancien candidat à la présidentielle, Fabien Roussel, était au micro de France Inter pour rendre compte de l’accord avec la France insoumise et les Verts. Sans surprise, la première chose sur laquelle il insiste, ce sont les nombreux points de convergence qui existent entre ces différentes formations. "Nous voulons montrer aux Français ce sur quoi nous sommes d'accord et que nous mettrons en œuvre tout de suite, déclare Fabien Roussel. Nous nous mettons d'accord sur un contrat de législature dans lequel il y a pour tout de suite, dès le mois de juillet le blocage des prix, la hausse des salaires, la mise en œuvre d'une retraite à 60 ans. / Une bannière qui doit tous nous rassembler. / Ce qui nous unit, un socle commun. / Nous devons nous additionner et vivre ensemble." De nombreux points d’accord donc, sur lesquels repose la nouvelle Union populaire, et qui permettraient, selon Fabien Roussel, dans le cas d’une victoire aux législatives, de changer immédiatement la vie des français !
Des points de friction
L'accord signé entre LFI et le PCF est un "contrat de législature", explique @Fabien_Roussel. "Mais nous gardons notre autonomie, notre liberté, à travers un groupe à l’Assemblée qui va défendre le mix énergétique comme je lai toujours défendu"#nucléaire #le79Inter pic.twitter.com/2lxlU6hB89
— France Inter (@franceinter) May 4, 2022
Il existe effectivement, mais depuis très longtemps, une diagonale politique qui traverse les quatre principales formations de gauche – communistes, socialistes, écologistes et insoumis – et qui leur permet de se retrouver très largement sur les propositions listées par Fabien Roussel. Mais il demeure malgré tout de véritables points de friction : avec Europe Ecologie Les Verts sur la politique européenne, et avec le Parti Communiste sur la question énergétique. Et d’ailleurs, ces désaccords, Fabien Roussel ne les dissimule nullement. "Nous gardons notre autonomie, notre indépendance, notre liberté de ton et de parole. On s'est mis d'accord sur un socle commun et nous acceptons les diffé"rences qu'il y a parmi nous. Nous aurons là-dessus des débats, des différences, des désaccords. Ils continueront d'exister ces désaccords. Et nous continuerons de les faire vivre. / Faire vivre, nos différences. / Les diffrérences. / Il y a des différences mais des différences qui permettent d'enrichir le débat. / Nous sommes des forces politiques différentes."
La communication comme contrepartie
Tout ceci en seulement 25 petites minutes d’interview, et encore en faisant grâce de très nombreuses occurrences ! Mercredi matin, Fabien Roussel cherchait moins à relever les convergences qu’à souligner les différences. L'union entre les partis de gauche n'est pas artificielle. Pour le comprendre, il suffit de regarder une seconde en arrière, et nous constateront qu’il est parfaitement habituel que plusieurs lignes cohabitent au sein d’un grand mouvement politique. Rappelons-nous tout de même qu’il n’y a pas si longtemps, le Parti socialiste rassemblait à la fois Manuel Valls et Benoît Hamon ! Et même, quelques années plus tôt, Dominique Strauss-Kahn… et Jean-Luc Mélenchon ! Quant aux Républicains, n’oublions pas qu’il y a tout juste cinq ans, nous pouvions tout à la fois y croiser Édouard Philippe et Éric Ciotti. À cet égard, les désaccords programmatiques qui existent au sein de la nouvelle Union populaire écologique et sociale n’ont rien d’exceptionnel, et même rien d’insurmontable. Il existe simplement une ligne majoritaire, dégagée par les urnes – celle de la France insoumise. Et d’autres formations qui acceptent de s’y rallier, fut-ce au prix de quelques couleuvres à avaler. C’est d’ailleurs exactement ce que dit Fabien Roussel : en cas de victoire aux législatives, sur le nucléaire il continuerait à plaider pour ses idées à l’Assemblée nationale… tout en sachant qu’il n’aura pas gain de cause.
Cela s’explique en termes de négociation. Il existe une règle d’or, dans une négociation. Quand vous parvenez à conclure un accord qui vous est très favorable, il est essentiel d’offrir à vos partenaires un moyen de sauver la face. Et la manière la plus simple, pour se faire, c’est de séparer le fond de la négociation de la communication. Ou plutôt, d’utiliser la communication comme une contrepartie au sein de la négociation. Dans le secret d’une salle aux portes fermées, l’une des parties prend acte du rapport de force, et fait les concessions. Mais elle obtient, en retour, le droit de clamer victoire lors des conférences de presse. C’est une technique de négociation classique, et c’est tout de même ce à quoi nous avons l’impression d’assister en ce moment.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.