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La chasse : un révélateur des clivages politiques

A quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, le congrès annuel des chasseurs a vu s’exprimer sur le sujet les candidates et candidats favorables à sa pratique. Pourtant, il y a peu de chance pour que les électeurs déterminent leur vote principalement en fonction de la chasse.

Article rédigé par franceinfo - Clément Viktorovitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Un chasseur, en Corse, le 21 août 2021. (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

La chasse s’invite dans l’élection présidentielle : mardi 22 mars, les candidates et candidats favorables à cette pratique étaient conviés à s’exprimés lors du congrès annuel des chasseurs. L’évènement fut pour eux l’occasion de prononcer de vibrants éloges de la chasse, c’est autre chose qui se jouait lors de cette journée.

Certes, la France compte plusieurs millions de chasseurs et au moins sur le papier, elle représente un enjeu électoral. Mais sur le papier seulement. Parce que les chasseurs se contentent rarement d’être des chasseurs. Ils sont également ruraux ou urbains ; jeunes ou âgés ; cadre, professeurs, commerçants, rentiers ou ouvriers. Quand on y réfléchit, il y a peu de chances qu’ils déterminent leur vote principalement en fonction de la chasse.

La chasse donne à voir une identité politique

Dès lors, du point de vue des candidats et candidates, pourquoi, en pleine élection présidentielle, prendre une demi-journée pour venir s’exprimer devant la Fédération nationale des chasseurs ? La réponse est simple : par son caractère symbolique, la chasse est aussi une excellente occasion de donner à voir une identité politique. Car devant les chasseurs, les candidats n’ont pas vraiment parlé de la chasse. En tout cas pas seulement. Prenons trois exemples. D’abord celui de Valérie Pécresse. La candidate des Républicains défend une France des territoires, et étrangement, il y a un mot qui est beaucoup revenu dans son intervention : la "ruralité". Une valeur au cœur du programme de la candidate, et qui vient s’articuler tout naturellement autour de la chasse.

Eric Zemmour, lui en a d’ailleurs aussi fait l’un des axes de son programme. On le retrouvait bien sûr aujourd’hui dans son intervention, mais au côté d’une autre dimension qui était, elle, beaucoup moins présente dans le discours de Valérie Pécresse. "La chasse, indique le candidat, est plus qu’une activité ou un loisir, elle traduit un art de vivre que vous comme moi voulons perpétuer et transmettre à nos enfants et nos petits-enfants." La chasse, en somme, comme incarnation des traditions et de la culture françaises ! La défense des chasseurs qui se mêle avec la défense de l’identité française : Eric Zemmour aussi a profité de cette journée pour, à travers la chasse, revenir en réalité sur ses thèmes de prédilection.

La chasse est un enjeu politique plastique

En dépit de sa défense de la chasse, Fabien Roussel, le candidat du Parti Communiste n’a pas fait, lui, de la ruralité un thème majeur de la campagne. Mais peu importe ! Parce que, pour lui, la chasse représente tout autre chose : elle serait un loisir populaire, et en défendant les chasseur, on défendrait donc le peuple. Voilà le fil rouge que Fabien Roussel a suivi durant toute son intervention ! Au final, ce que l’on observe, c’est que la chasse est un enjeu politique plastique. Située à la confluence de nombreuses dimensions de la vie sociale, elle permet également de s’adresser à des pans entiers de la population française. Aujourd’hui, les 3 à 5 millions de chasseurs n’étaient pas les seules électeurs à être chassés sur les terres de la campagne… présidentielle !

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