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Expliquez-nous... L'histoire mouvementée du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes

Alors que les trois médiateurs chargés de remettre un rapport sur le dossier Notre-Dame-des-Landes viennent, après plus de six mois de mission et 200 auditions, de remettre leur copie au gouvernement, franceinfo revient sur cinquante ans d'histoire mouvementée de ce projet. 

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Mobilisation d'opposants au projet d'aéroport de Notre Dame des Landes, formant une chaîne humaine, sur un des champs du site, le 25 juin 2006.  (ALAIN JOCARD / AFP)


C'est dans les années 60 qu'a émergé le projet d'un aéroport du Grand Ouest, dans un contexte de réflexion sur le développement de pôles régionaux, dont la métropole Nantes-St Nazaire.

En 1970, le site de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres de Nantes, est retenu. Le choix est validé par le Comité interministériel d'aménagement du territoire. La réalisation de l'aéroport est prévue pour 1985.

En 1974, est créée une zone d'aménagement différé de 1225 hectares, avec pour le conseil général de Loire-Atlantique, un droit de préemption, un droit à acquérir en priorité les terres agricoles.

En parallèle, des habitants et agriculteurs se regroupent en association et dénoncent un projet inutile, trop cher et inadapté.

De la zone d'aménagement différé à la zone à défendre

Pendant une vingtaine d'années, sur fond de crise pétrolière, le projet semble oublié. Il ressurgit en 2000, sous l'impulsion du député maire socialiste de Nantes Jean Marc Ayrault, relancé par le gouvernement de Lionel Jospin, dans un contexte de rééquilibrage territorial.

En 2008, un décret déclare le nouvel aéroport d'utilité publique, après avis favorable d'une commission d'enquête et un débat -biaisé, estiment alors les opposants, par le fait qu'aucun autre scénario crédible n'ait été envisagé

Des militants décident d'occuper la zone, rebaptisée "zone à défendre". En 2010, le groupe Vinci remporte l'appel d'offres pour la conception, le financement la contruction et l'exploitation du futur aéroport pour une durée de 55 ans. Les travaux sont censés débuter en 2014 pour une ouverture en 2017.

Un double affrontement, sur le terrain et en justice

Occupation des terrains préemptés, autogestion, grève de la faim, chaines humaines... Des habitants, des agriculteurs, des militants écologistes et altermondialistes se mobilisent. Est créée une "association citoyenne intercommunale des populations concernées par l'aéroport". 

En octobre 2012, une opération d'évacuation, l'opération "César", fait des blessés. Les opposants au projet ripostent avec l'opération "Astérix". Le site se retrouve occupé en permanence par plusieurs centaines de personnes. 

Une "commission du dialogue" est mise en place. Elle conclut à l'utilité du projet mais recommande de meilleures compensations environnementales.

En parallèle, des tribunaux examinent pourvois contre les ordonnances d'expropriation et recours contre les arrêtés préfectoraux autorisant les travaux.

Un dossier devenu avant tout politique

A l'été 2015, les recours environnementaux déposés par les opposants au projet sont rejetés. Fin 2015, la préfecture de Loire Atlantique envisage la reprise des travaux pour l'année suivante. La mobilisation se renforce.

François Hollande annonce alors un référendum local, dont le déroulé comme la formulation sont contestés par les opposants au projet. Le oui l'emporte à plus de 55%.

Cinq mois plus tard, la justice valide, en appel, des arrêtés autorisant les travaux. Manuel Valls laisse entendre que le site sera évacué, mais sa ministre de l'environnement, Ségolène Royal, appelle a "arrêter les frais". En décembre 2016, Bernard Cazeneuve, devenu chef du gouvernement, décide de repousser l'évacuation jusqu'à nouvel ordre.

Arrivé au pouvoir, Emmanuel Macron lance d'emblée une mission d'évaluation, avec l'objectif affiché de mettre les choses à plat, avant une décision "claire et assumée". C'est cette mission qui vient de se terminer. Les procédures judiciaires, elles, ne le sont pas et des recours sont d'ores et déjà annoncés par les partisans comme par les opposants au projet, en fonction de la décision qui sera prise.

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