Cet article date de plus de cinq ans.

Expliquez-nous... La démission des évêques

Alors que le Pape François a reçu au Vatican le cardinal Philippe Barbarin, venu lui présenter sa démission, focus de franceinfo sur la procédure de renonciation des évêques.

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le cardinal Barbarin a annoncé qu'il allait présenter sa démission au pape François, le 7 mars 2019, après avoir appris sa condamnation à six mois de prison avec sursis.  (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

Un évêque ou un archevêque, selon les termes officiels, ne démissionne pas mais "renonce" ou est incité à renoncer à son office.

Le cas de Philippe Barbarin est particulier puisqu'il est à la fois archevêque de Lyon (c'est à dire qu'il est à la tête de la province écclésiastique de Lyon - chargé d'organiser la coopération entre les diocèces) et cardinal. Les cardinaux sont de hauts dignitaires de l'Eglise catholique, qui conseillent et élisent le pape.

C'est sa renonciation en tant qu'archevêque de Lyon qu'il est venu porter au Pape.

Une démission qui n'est pas systématiquement acceptée

Un seul évêque peut renoncer librement à sa charge sans avoir à présenter de démission, il s'agit du Pape lui-même, évêque de Rome. C'est ce qu'avait fait Benoît XVI.

Dans tous les autres cas, l'évêque présente la renonciation à son office au Pape qui peut -ou non- l'accepter.

La procédure est régie par le Code du droit canonique (le droit de l'Eglise catholique). Doivent présenter la renonciation à leurs offices les évêques qui ont atteint l'âge de 75 ans, ou ceux qui, "pour des raisons de santé ou pour toutes autres causes graves, ne pourraient plus remplir convenablement leurs office". Il revient alors au Pape "d'examiner les circonstances" de cette renonciation et de l'accepter ou non. Le Pape avait refusé la renonciation de Monseigneur Barbarin en 2016. Si la renonciation est acceptée, elle peut l'être avec effet immédiat, ou différé. Le Pape peut, par exemple, demander à l'évêque d'assurer l'administration du diocèse en attendant qu'un successeur soit nommé.

Evêque ou archevêque émérite

Si la renonciation est acceptée, l'évêque ou l'archevêque a en général alors le titre d'évêque ou archevêque "émérite" du diocèse. Il n'est plus chargé de conduire un diocèse ou un archidiocèse mais continue de faire partie de l'Eglise.

Le droit canonique précise que l'évêque émérite peut, s'il le désire -et sauf circonstances particulières- conserver sa résidence dans le diocèse et qu'il revient au diocèse qu'il a servi de "veiller à lui assurer un entretien convenable et digne".

Il y a plus de 80 évêques émérites en France. C'est le cas par exemple du Cardinal André XXIII, qui, en 2017 -parce qu'il avait atteint la limite d'âge de 75 ans- avait présenté au Pape la renonciation à son office. Il a toujours le titre de cardinal. Il est donc cardinal archevêque émérite.

Il est possible de perdre les prérogatives - voire le titre- de cardinal, mais c'est particulièrement rare. L'ancien archevêque de Washington Theodore McCarrick, accusé d'abus sexuels, avait l'été dernier perdu son titre honorifique. Il a même depuis été réduit à l'état laïc.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.