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Expliquez-nous... La surpopulation carcérale en France

Alors que des négociations sont en cours entre syndicats et administration pénitentiaire sur fond de molbilisation de surveillants de prison, franceinfo se penche sur un des problèmes majeurs concernant les prisons françaises: la surpopulation carcérale.

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Trois à quatre détenus partagent désormais la même cellule (MAXPPP)


Au 1er décembre 2017, on comptait en France 69.714 personnes incarcérées et 80.811 personnes écrouées. La différence tient au fait qu'un peu plus de 11.000 personnes sont sous le coup de mesures de surveillance électronique ou de placement extérieur.

Or, dans le même temps, la France compte 59.165 places en prison opérationnelles, ainsi, indique le ministère de la justice que 1547 "matelas au sol".

On compte, en moyenne en France, 118 détenus pour 100 places disponibles mais la situation varie beaucoup selon les types d'établissements.

Le taux d'occupation est en moyenne de 142% en maisons d'arrêt et quartiers de maisons d'arrêt, c'est à dire là où sont détenus les prévenus -les personnes poursuivies et qui ne sont pas jugées définitivement- et les condamnés à de courtes peines. Or ils représentent près d'un tiers des détenus.

Trois établissements ont une densité supérieure ou égale à 200%: La maison d'arrêt de la Roche sur Yon, celle de Meaux et la maison d'arrêt de Nîmes qui compte 400 détenus pour 190 places. Des détenus ont d'ailleurs en septembre 2017 assigné l'Etat pour mise en danger de la vie d'autrui.

40 établissements ont une densité comprise entre 150 et 200%.

Concrètement cela signifie que deux, trois, voire quatre personnes partagent une cellule de 9 à 11 mètres carrés.

Le principe d'une personne par cellule est préconisé depuis 1875, a été consacré par la loi de novembre 2009 et est censé être mise en place d'ici 2020. Seul un gros tiers des détenus en bénéficie aujourd'hui.

L'origine principale de cette situation est que le nombre de détenus a presque doublé en trente ans 

Jean Jacques Urvoas, ex ministre de la justice, avait en 2016 préconisé la construction de 10.000 à 16.000 cellules en 10 ans. Emmanuel Macron, alors candidat, avait lui évoqué l'an dernier; la construction de 15.000 places de prison durant le quinquennat. L'actuelle ministre de la justice dit espérer en avoir réalisé 10.000 d'ici 2022.

"La construction de places nouvelles n'est pas une réponse à la surpopulation carcérale" répète régulièrement Adeline Hazan, la controleuse générale des lieux de privation de liberté. "Plus on crée de places plus, dit-elle, on les remplit".

Agir, ajoute t-elle, ce serait "faire en sorte que la prison soit le dernier recours". Et "que le sursis mise à l'épreuve, la contrainte pénale, la libération conditionnelle, puissent être vraiment prononcés par les magistrats".

Des chercheurs plaident par ailleurs pour la mise en place de vrais programmes de réinsertion pour éviter les récidives et pour une réflexion urgente sur le fait d'incarcérer ou laisser en prison des détenus souffrant d'affections psychiatriques lourdes.

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