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Expliquez-nous... Les déserts médicaux

Alors qu'Emmanuel Macron a présenté sa réforme du système de santé, axée sur l'offre de soins sur tout le territoire, focus de franceinfo sur les déserts médicaux. 

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
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Une banderole pour trouver un nouveau médecin à Figanières (Var). (PHILIPPE ARNASSAN / MAXPPP)

Des critères pour évaluer les "zones sous-denses"

Il n'y a pas de définition institutionnelle de la notion de "désert médical". Pour déterminer les territoires les moins bien dôtés en terme d'accès aux soins, les pouvoirs publics, les agences régionales de santé parlent de "zonages".

Cette notion de "zones sous-denses", n'est pas définie seulement en fonction du nombre de médecins par habitant, mais aussi selon des critères revus l'an dernier: volume d'activité réel des médecins, temps d'accès aux praticiens, besoins en soins de la population par classe d'âge. Ces zonages conditionnent ensuite certaines aides: de l'Etat, du Fond d'Intervention Régional ou des collectivités territoriales.

8% des Français vivent dans des zones sous-denses

Une commission d'enquête de l'Assemblée Nationale a fait ces derniers mois un état des lieux de l'accès aux soins en France. Elle a conclu à "l’extrême gravité de la crise traversée par notre système de santé".

Elle rappelle qu'en janvier dernier, la France comptait 226.000 médecins en activité, contre 232.794 un an plus tôt, dans un contexte d'inégale répartition territoriale des médecins -notamment des spécialistes, où le temps par patient dont disposent les médecins diminue et où les médecins eux-mêmes vieillissent, sans, dans certaines zones, trouver de remplaçants.

8% des Français vivent dans l'une des 9000 communes dites "sous-denses" en médecins généralistes.

Au delà de cela, l’UFC-Que choisir avait publié une étude qui indiquait qu'entre 2012 et 2016, l’accès géographique aux généralistes s'était dégradé pour plus du quart de la population et que l'accès aux spécialistes avait diminué pour 38 % des Français en ce qui concerne les ophtalmologistes, 40 % pour les pédiatres et 59 % de la population pour l’accès aux gynécologues.

Dans son "Atlas de la démographie médicale", le Conseil national de l'Ordre des Médecins mettait lui en évidence sur la période 2007 / 2017 deux France: l'une où la population médicale augmente : tous les départements de la façade atlantique ainsi que certains départements comme le Nord, la Somme, la Haute Garonne, le Doubs, l'Hérault, l'Indre et Loire, le Maine et Loire, la Vienne... Et une France de l'intérieur du territoire qui perd ses médecins, du Nord-Est au Sud-Ouest et en région PACA. L'Ile de France n'est pas épargnée.

Des mesures diffuses et insuffisantes

Pour remédier à ces problématiques et inégalités, de nombreuses mesures ont, au fil des années, été mises en place: aides à l’installation de professionnels de santé dans certaines zones, incitations fiscales ou compléments de rémunération, financement de maisons médicales, octroi d’indemnités d’études pour certains étudiants qui s'engagent à exercer ensuite dans des zones déficitaires, développement de la télémédecine....

Or ces aides publiques ne font pas toutes l'objet d'un recensement et d'une évaluation, déplorait l'an dernier la Cour des Comptes. Ces aides, concluait de son côté cet été la commission d'enquête de l'Assemblée, coûtent près de 225 millions d'euros par an et "ont fait la preuve de leur insuffisance".

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