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Expliquez-nous... Les enjeux de la bataille d'Afrin en Syrie

Malgré l'appel au cessez-le feu en Syrie lancé par l'ONU, la Turquie a décidé d'envoyer des forces spéciales dans la région d'Afrin. franceinfo s'arrête sur les enjeux de cette offensive. 

Article rédigé par franceinfo
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L'opération "Rameau d'Olivier", lancée par la Turquie à Afrin, a débuté le 20 janvier dernier (HUSEYIN NASIR / ANADOLU AGENCY)

Les raisons de l'offensive turque 

L'offensive turque dans la région d'Afrin a débuté le 20 janvier et illustre la complexité du conflit syrien où se superposent des enjeux et conflits locaux, régionaux et internationaux, sur fond d'alliances mouvantes.

Afrin est au nord-ouest de la Syrie, à une trentaine de kilomètres de la frontière turque. C'est l'un des trois cantons du Rojava, le kurdistan syrien, de facto autonome.

La ville est depuis six ans sous le contrôle des Unités de protection du Peuple, les YPG, une milice kurde, noyau des FDS, les Forces Démocratiques syriennes..

La Turquie se sent menacée par ces combattants kurdes qu'elle présente comme la branche syrienne du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan, avec qui elle est en conflit sur son territoire depuis 1984.

Les kurdes, alliés stratégiques des Etats-Unis

Les combattants kurdes ont été des alliés importants des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique en Syrie, partenaires de la coalition internationale formée pour lutter contre Daesh.

Les combattants kurdes se sont illustrés par leur capacité de résistance. Leur coopération avec la coalition a permis de repousser le groupe Etat islamique jusqu'à la prise de Rakka à l'automne dernier.

Les milices kurdes comptent bien résister de la même façon à Afrin et misent sur des pressions internationales pour mettre fin à l'intervention turque.

La France demande à ce que la trêve humanitaire en Syrie s'applique à l'enclave d'Afrin, sans succès pour l'instant.

L'embarras des Etats-Unis

Les Etats Unis sont partagés entre la Turquie -leur alliée au sein de l'OTAN- et les kurdes -leurs partenaires sur le sol syrien. Washington a en janvier appelé la Turquie à la "retenue" tout en reconnaissant le "droit légitime de la Turquie à se protéger".

Le positionnement russe

La Russie avait jusqu'ici menagé ses liens avec les milices kurdes dans le but de les intégrer à son projet de résolution du conflit en Syrie, mais Moscou et Ankara ont renforcé ces derniers mois leur coopération.

Les Kurdes accusent dans ce contexte Moscou de les avoir sacrifiés, persuadés que l'opération turque, notamment aérienne, sur Afrin n'a pu avoir lieu sans le feu vert de la Russie.

La relance d'affrontements anciens

A Afrin, l'armée turque est appuyée par des factions de l'Armée Syrienne libre, ces groupes de rebelles qui s'étaient constitués pour lutter contre le régime de Bachar El Assad.

A l'inverse, une alliance semble se dessiner entre les YPG kurdes et des groupes progouvernementaux, affiliés à l'armée syrienne, qui feraient face ensemble à l'offensive turque.

La Turquie a récemment prévenu Damas: « Si le régime entre à Afrin pour nettoyer la région du PKK / des YPG il n'y a pas de problème. Si le régime entre pour protéger les YPG, personne ne pourra arrêter la Turquie ou les soldats turcs"

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