Angela Davis : "il faut organiser des communautés de résistance"
Angela Davis, une icône révolutionnaire? "Ce terme
d'icône ne me convient pas vraiment" estime la militante américaine.
"C'est parce qu'il y a eu des mouvements de masse aux États-Unis et dans
le monde entier que je suis connue" explique-t-elle, alors qu'un film
qui retrace son parcours va sortir le 3 avril, Free Angela and all political
prisoners . Elle qui "a grandi dans la ville où régnait la ségrégation" ,
dit avoir pu comprendre la violence raciste et la ségrégation grâce à ses
parents. "A l'âge de 11 ans, j'ai commencé à participer à un groupe de discussion
interracial. Nous nous réunissions pour discuter dans une église qui a été
détruite par une bombe" . Fichée communiste, elle rappelle que "c'était
absurde parce que j'avais été recrutée pour enseigner le Marxisme" .
"Je recevais des courriers qui me disaient 'rentre chez
toi en Afrique!', 'rentre chez toi en Russie!'"
Elle a ainsi reçu "des piles et des piles de lettres
de menace" . Elle a aussi été membre des Black Panthers . "Ce
parti-là avait été appelé le parti des Black Panthers pour l'autodéfense . C'était
donc une violence d'autodéfense" ajoute-t-elle pour expliquer leur
droit de porter une arme à cette époque. Une époque pendant laquelle Angela
Davis cachait son féminisme.
"On s'est dit à ce moment-là que l'on allait intégrer
la lutte pour les droits de la femme à la lutte pour les communautés
noires".
Les choses ont basculé en 1970 quand un commando organise
une prise d'otages lors du procès d'un des membres. A la suite de ce bain de
sang, Angela Davis est accusée d'avoir fourni les armes. "Non, je n'ai
pas fourni les armes pour cet acte-là bien sûr" . Mais ces armes lui appartenaient.
"Elles avaient été achetées en mon nom pour mes gardes du corps. Mais
c'est l'un d'eux qui a introduit ces armes dans le tribunal" . Elle
revient alors sur sa fuite.
"Si j'étais allée me rendre aux autorités, probablement
que j'aurais été exécutée par la police".
Après 16 mois de détention, elle est libérée grâce à la mobilisation
internationale. "En France il y a eu un mouvement très puissant"
se souvient-elle en évoquant des photos de sa sœur, en France, en compagnie de
Louis Aragon. "C'était un mouvement qui a largement dépassé les attentes
que, moi, j'aurais pu avoir" . Aujourd'hui, "je suppose que
j'essaie d'être une révolutionnaire et d'être plus sage, même s'il y a une contradiction
dans tout cela. Je continue de croire que pour que les choses changent, il faut
organiser des communautés de résistance énormes" .
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