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Gervaise Taffaleau, "droit" dans ses bottes

De son premier poste de substitut du procureur à Rouen, à peine diplômée de l'Ecole Nationale de la Magistrature, aux fonctions d'avocat général à la Cour de cassation, Gervaise Taffaleau a gravi tous les échelons de la magistrature et mené une brillante carrière au plus haut des instances judiciaires françaises.
Article rédigé par Edwige Coupez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Retraitée depuis quelques mois, Gervaise Taffaleau continue de s'investir au sein de
la Cour Nationale du Droit d'asile, car "Un magistrat ne cesse jamais
totalement de l'être
".

Dans le système judiciaire français, il convient de
distinguer les magistrats du siège, les juges qui rendent les décisions, des
magistrats du parquet qui eux représentent le gouvernement et font respecter
les lois. En 43 ans de carrière, Gervaise Taffaleau a gravi progressivement les
différents échelons du parquet, exerçant ainsi différents métiers.

Tout juste diplômée de l'ENM, Gervaise Taffaleau est d'abord
nommée substitut du procureur au Tribunal de Grande instance de Rouen. La jeune
femme, enceinte, découvre alors un monde machiste. Nous sommes en 1972. Elle
est la première femme à exercer dans cette juridiction. 17 ans plus tard, en
1999, lorsqu'elle sera nommée Procureur générale à Orléans, elles ne seront
encore que deux femmes pour 35 postes. Tout au long de sa carrière, Gervaise
Taffaleau a donc mis un point d'honneur à promouvoir de jeunes collègues
méritantes, pour féminiser la profession. Aujourd'hui, l'équilibre s'est
inversé et les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes dans la
magistrature (80%).

"J'avais la réputation
d'être assez dure dans mes propos, et pas forcément dure dans le quantum des
peines requises".

Après le parquet de Rouen, départ pour Nanterre en 1975.
Toujours substitut du procureur, la jeune magistrate y passe 10 ans, chargée de
la lutte contre les trafics de stupéfiants, puis contre le travail clandestin.
Spécificité qui l'amènera notamment à surveiller le chantier de la Défense et
qui lui apportera dit-elle "Une vision fondamentalement et durablement
différente du monde du travail et de la société en général".
Elle se
passionne pour le droit social, et poursuit cette mission de lutte contre les
trafics de main d'œuvre auprès du ministre des Affaires sociales pendant encore
8 ans.

"Dans le procès, chacun a un rôle, une facon de se
comporter. Oui j'ai pris plaisir à plaider".

Troisième métier, Gervaise Taffaleau monte en grade et
devient Avocate Générale à la Cour d'Appel de Paris. Pendant 6 ans, elle y
traite des dossiers financiers et économiques sensibles comme l'affaire
Péchiney, un scandale politico-financier de délit d'initiés.

Forte de cette expérience, et profitant aussi de la volonté
d'Elisabeth Guigou, la Garde des Sceaux de l'époque, de féminiser la profession,
elle est nommée dans sa ville natale, Procureur Générale à Orléans. Dix ans
qu'elle décrit "Comme les plus belles années de sa carrière" et dont
elle garde en mémoire, "Les réunions de travail dans les plus beaux Châteaux
du Val de Loire".

En 2010, elle choisit de repousser son départ à la retraite,
et accède au poste prestigieux d'avocate générale à la Cour de Cassation à
Paris. Aujourd'hui à la retraite, elle continue à présider la cour nationale du
Droit d'Asile. Un sixième métier pour cette magistrate qui entend rester
"Concernée par la justice, ses préoccupations, ses réformes et sa place
dans la société".
J** usqu'au bout.

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