Dans les mines à ciel ouvert du Labrador
De la machinerie lourde. Ces pelleteuses-là vous déménagent une
maison de deux étages en un seul godet . Les camions emportent à chaque voyage
350 tonnes de minerai. Nous sommes à Wabush, au bord d'une des énormes mines à
ciel ouvert du Labrador, dans la péninsule la plus à l'est du Canada, province
battue par les vents de l'Atlantique et au sol rocailleux. C'est ici, près de
Labrador City, petite ville industrielle de 15.000 âmes, sortie de nulle part,
coincée entre deux mines, des montagnes enneigées et la forêt boréale, que vit
depuis trois ans Pierre Clarisse. Né dans le petit village d'Arneguy, près de
Saint-Jean-Pied-de-Port, au cœur du Pays basque, il est employé par Caterpillar.
Le Français est chargé de la maintenance et de l'entretien de ces bulldozers,
niveleuses et excavatrices surdimensionnés. "Je travaille pour des groupes
comme Arcelor-Mittal ou Rio-Tinto. C'est un métier de polyvalence, explique le
Français, il faut inspecter régulièrement toutes les machines, intervenir sur
différentes pannes : moteur, transmission, châssis, freinage... et former le
personnel. La production fonctionne 24h/24h, même par - 60 degrés l'hiver. Le
matériel est très sollicité. "
Le minerai de fer extrait ici est acheminé vers
Sept-Iles , proche du fleuve Saint-Laurent, avant d'être transporté par bateau
jusqu'en Chine . C'est la première ressource du Labrador. Pierre Clarisse, 33
ans, vit depuis 5 ans au Canada. Il a d'abord passé deux ans à Montréal, déjà
chez Caterpillar. "Ils voulaient que je reste à la maison-mère, détaille le
jeune homme, pour comprendre le système. On parle la même langue, mais la
culture est très différente : nous, on est des latins et eux ce sont des
nord-américains ."
Valises en carton
C'est un de ses voisins parti tenter sa chance aux États-Unis,
comme beaucoup de Basques, qui lui a donné le goût d'aller voir du pays. Fils
d'un père douanier et d'une mère agricultrice, le jeune homme s'est d'abord
formé comme technicien en machinerie lourde à Lyon et Bordeaux avant de se jeter
dans le bain. "Mon premier contrat, se souvient-il, c'était un VIE (volontariat
international en entreprise) en Afrique pour un projet de construction de route
pour le groupe Vinci. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à prendre des
responsabilités. " Pierre s'envole ensuite pour le Chili, la Jamaïque, et le
Canada. "J'ai débarqué à Montréal le jour de mon anniversaire, avec mes deux
valises en carton. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire. J'avais
juste en poche le nom de la compagnie. Un mois plus tard, je commençais à
travailler pour Caterpillar". Depuis un an, et il n'en est pas peu fier, Pierre
possède la nationalité canadienne, signe d'une intégration certaine. "Il faut pas
mal de temps, dit-il, pour s'adapter, ne serait-ce qu'à la taille du pays. " "Ça
m'a pris plus de 18 heures de route depuis Montréal pour arriver au Labrador" , se
souvient-il. Je n'avais pas encore de 4x4, ce qui m'a valu à deux reprises de me
faire sortir par des camions du bas-côté ! "
Un béret vissé sur la tête, le
jeune homme est membre d'Euskaldunak, les Basques du
Québec , depuis que le président l'a accueilli, à son arrivée. "Il m'a demandé
d'adhérer à l'association pour lui donner un coup de jeune. On se retrouve de
temps en temps pour des fêtes, et revaloriser la danse et la langue basque. "
Pierre vit souvent à distance sa relation avec sa compagne, une Basquaise
enseignante en langue étrangère restée au pays, mais ne désespère pas de la
faire venir un jour de ce côté-ci de l'Atlantique.
Lui
écrire Aller plus loin L'association des Basques du Québec Retrouvez ce portrait dans le livre "S'expatrier, vous en rêvez, ils l'ont fait !", 100 portraits d'expatriés français aux éditions Studyrama Retrouvez ce portrait dans le magazine régional d'informations Objectif
Aquitaine
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