Détroit : l’autre capitale artistique des États-Unis

Bien sûr, le berceau de la construction automobile dans le monde ne rivalise pas avec des villes comme Boston ou New York, mais la métropole du Michigan, face au Canada, abrite des musées loin d’être anecdotiques.
Article rédigé par Emmanuel Langlois
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le DIA, Detroit Institute of arts. Créé en 1885, le musée abrite 60 000 œuvres. Après la faillite de Detroit en 2013, les autorités ont bien lorgné sur ces trésors pour remplir ses caisses exsangues mais la direction du musée est arrivée à sauver ses Rembrandt, Van Gogh et autre Matisse. (Photo Emmanuel Langlois / franceinfo)

Détroit est une coté industrielle, mais aussi culturelle. Le DIA, le musée des Arts de Détroit, est même l’un des plus grands du pays. Impossible de manquer l’édifice néoclassique blanc éclatant, qui surplombe l’avenue Woodward, l’artère principale de la ville explique Stéphanie Rodriguez, agent immobilier à Détroit.

L'entrée monumentale du DIA, le Detroit Institute of arts, l'un des plus importants musées des Etats-Unis. (Photo Emmanuel Langlois / franceinfo)

"Le bâtiment a une centaine d’années, détaille la Française, c’est assez diversifié. On peut voir du street art et des photographies. Et là, on est dans un petit café intérieur charmant. Ce qui est intéressant avec ce musée, c’est que, d'abord il est gratuit si on habite aux alentours et il propose beaucoup d’activités pour les jeunes enfants."

Immanquable pièce maîtresse du musée, la fresque monumentale de Diego Rivera, "Detroit Industry", est composée de 27 panneaux recouvrant les quatre murs du hall d’entrée (Great Hall). Peinte entre 1932 et 1933 et financée par les usines Ford, elle représente les ouvriers de l’industrie automobile ainsi que les avancées techniques de l’époque. (Photo Emmanuel Langlois / franceinfo)

Créé en 1885, le musée abrite 60.000 œuvres. Après la faillite de Détroit en 2013, les autorités ont bien lorgné sur ces trésors pour remplir leurs caisses exsangues, mais la direction du musée est arrivée à sauver ses Rembrandt, Van Gogh et autre Matisse.

La collection du DIA est estimée aujourd’hui à plus de 8,5 milliards de dollars. La pièce maîtresse du musée est une fresque monumentale des années 30, 27 panneaux recouvrant les quatre murs du hall d’entrée.

Pièce maîtresse du DIA de Detroit,  l’Autoportrait au chapeau de paille (1887) de Van Gogh est le premier tableau de l’artiste acquis par un musée américain. (Photo Emmanuel Langlois / franceinfo)

Financée par les usines Ford, l’œuvre représente les ouvriers de l’industrie automobile ainsi que les avancées technologiques de l’époque. Car jusque dans les années 50, Détroit était la troisième ville des États-Unis, avant son déclin et sa renaissance.

Ce parcours est détaillé de l’autre côté de la rue, dans le musée de l’histoire de Détroit. Le DIA n’est pas très loin non plus de l’Université Wayne State, dans laquelle on peut passer des heures à se promener dans les allées piétonnes.

Stéphanie Rodriguez sur les marches du DIA ! "Le bâtiment a une centaine d’années, détaille la Française, c’est assez diversifié. On peut voir du street art et des photographies." (Photo Emmanuel Langlois / franceinfo)

L’art a toujours été présent à Détroit, témoigne Antoine Dubeauclard, gouverneur au musée d’art de Cranbrook, à une demi-heure de route du centre de Détroit.

Situé dans la banlieue de Detroit, à Bloomfield Hills, la collection d'œuvres de ce musée est consacrée à l'art moderne et contemporain, avec de nombreuses productions graphiques, des sculptures mais aussi des meubles design. (Photo Emmanuel Langlois)

"On est de temps en temps un peu obscurci par cette industrie automobile géante, on a de grandes compagnies comme Ford, historiquement, GM et Chrysler, mais c’est vrai qu’il y a une culture très intéressante du point de vue des arts, que ce soit les musées, mais il y a aussi plein d’autres éléments de cultures comme la musique de Motown, et la techno, aussi originaires d’ici. Il y a beaucoup d’éléments peu reconnus mondialement mais très présents ici."

Antoine Dubeauclard à Cranbrook : "Ça a amené tout un groupe de gens qui sont venus ici pour développer des studios, ce n’était pas cher. Et il y a aussi cette communauté d'artisans, qui font des choses. (Photo Emmanuel Langlois / franceinfo)

La ville de Détroit a aussi connu une culture bohémienne, constate le Français, au moment de la grande faillite de 2013 : "Ça a amené tout un groupe de gens qui sont venus ici pour développer des studios, ce n’était pas cher. Et il y a aussi cette communauté d'artisans, qui font des choses. Donc on mélange de l'art avec les artisans et cette culture bohémienne, ça crée des choses intéressantes."

Dans les jardins du musée de CranbrooK, l'un des plus anciens d'Amérique du nord. Fondé par les richissimes éditeurs de journaux George Booth et sa femme Ellen Scripps Booth qui ont acheté les terres en 1904, le musée a ouvert 23 ans plus tard. (Photo Emmanuel Langlois / franceinfo)

Témoin, le "Heidelberg project", un surprenant musée à ciel ouvert au nord-est de Détroit, où face au délaissement de son quartier populaire, l’artiste Tyree Guyton tente de mettre les habitants sur le devant de la scène.

Impossible de séjourner à Detroit sans une visite au Motown Museum. De Diana Ross et The Supremes à The Temptations, en passant par Michael Jackson & The Jackson Five, Marvin Gaye, Stevie Wonder, The Four Tops et Smokey Robinson, les plus grandes stars de la soul sont passées par cette maison de disques hyper prolifique, révélatrice de stars internationales rentrées dans l’histoire de la musique. (Photo Emmanuel Langlois / franceinfo)

"La population de Détroit était très importante dans les années 20 - 30 et a beaucoup chuté. Et dans ces endroits où les bâtiments sont devenus désaffectés, les gens ont pris ça comme des œuvres d'art, c'est devenu vraiment des sujets d'art, et de rendre ces choses qui pourraient être perçues comme des lieux délabrés, de devenir des arts artistiques."

Depuis 2017, les autorités de Détroit ont d’ailleurs fait revenir dans le centre-ville, les théâtres et les stades, pour créer de l’animation le soir et le week-end.

Dans les environs du musée Cranbrook. La nature est partout ici. (Photo Emmanuel Langlois / franceinfo)

Aller plus loin

L'Office de tourisme de Détroit (Michigan)

Le musée DIA (Detroit Institute of Arts Museum)

Le musée d'art contemporain de Cranbrook, dans la métropole de Détroit

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Le musée de la Motown (Hitsville museum)

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