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Français du monde. Covid-19 : Taiwan, l'élève modèle

Le pays affiche rien de moins que le plus faible nombre de cas de Covid-19 au monde ! C'est que les autorités, éclairées par l'expérience du SRAS, ont réagi dès les premiers signes de la pandémie, comme en témoigne cet enseignant-chercheur français de Taiwan.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vincent Rollet devant l'entrée principale de l'Université Wenzao où il exerce comme enseignant-chercheur : "Si on ne respecte pas les règles comme le port du masque dans les lieux publics, il y a une amende de 500 euros" (VINCENT ROLLET)

Des restaurants, salles de sport, de concert ou des théâtre ouverts tous les soirs. Ni couvre-feu ni confinement. Dans les rues de Taiwan, c'est un peu la vie d'avant l'épidémie. Seule différence : le port du masque est obligatoire, et encore, que depuis le 1er décembre, dans tous les lieux publics, mais ni dans la rue ni au restaurant.

Chacun se plie volontiers à ces règles

"Si on ne respecte pas cela, il y a une amende de 500 euros, témoigne Vincent Rollet, enseignant-chercheur français à l'université de Wenzao, dans le sud de l'île. Les gens suivent cette règle à la lettre, et il y a très souvent une personne mandatée pour vous rappeler de manière très polie de porter le masque." 

Frontières fermées, voyage virtuel en France pour les élèves de l'Université de Wenzao (VINCENT ROLLET)

Frapper vite et frapper fort

Ici, le gouvernement a verrouillé les frontières de l'île, tant par avion que par bateau, dès les premiers signes du Covid-19 au début de l'année dernière : 

Taiwan a commencé à fermer ses portes aux non-résidents peu après l'apparition de la pandémie fin janvier, au lendemain de la prise de décision de Pékin de confiner la population à Wuhan. Depuis, les autorités taïwanaises exercent un contrôle étroit sur ces frontières.

Vincent Rollet, enseignant-chercheur à Taïwan

Bonne gestion des masques, quatorzaine ciblée, implication de la société civile, absence de confinement généralisé ou de couvre-feu : stratégie gagnante puisque Taiwan annonce 800 cas, presque tous importés, depuis le début de l'épidémie et sept décès pour une population de 23 millions d'habitants. Car les mesures ici ne font pas débat : selon les sondages, 70 à 75% de la population sont satisfaits par la réponse du gouvernement.

Port du masque respecté dans la ville de Kaohsiung, dans le sud de Taiwan. La population a retenu les leçons du SRAS en 2003, qui avait fait 76 morts sur l'île (VINCENT ROLLET)

Une croissance insolente

Comme une bonne partie de l'Asie, l'île s'est aussi nourrie de l'expérience du SRAS en 2003 : 

Les autorités ont renforcé leurs capacités antiépidémiques, leur réseau de suivi et de surveillance des maladies infectieuses. La population était en quelque sorte préparée à l'éventualité d'une nouvelle épidémie.

Vincent Rollet

Depuis le 1er janvier, les non-résidents n'ont plus l'autorisation d'entrer sur le territoire. Les rares étrangers qui ont encore accès à Taiwan, les humanitaires notamment, doivent se soumettre à leur entrée à une stricte quatorzaine au domicile, dans une chambre isolée, ou à l'hôtel, sans pouvoir sortir, géolocalisés à tout instant, grâce à la carte SIM temporaire qu'on leur remet à leur arrivée pour leur téléphone portable.

Vue de la ville de Kaohsiung, dans le sud de Taiwan. "Les autorités ont renforcé leurs capacités anti-épidémiques, leur réseau de suivi et de surveillance des maladies infectieuses" (VINCENT ROLLET)

Une victoire diplomatique sur la Chine

Il faut dire que pour Taiwan, ennemie jurée de la Chine, car considérée par Pékin comme une province rebelle, appelée à revenir dans son giron, réussir à endiguer le Covid-19 est aussi une victoire diplomatique, explique Vincent Rollet : 

"Depuis les années 70 et l'entrée de la Chine dans l'OMS, Taiwan a été totalement exclue jusqu'à aujourd'hui, ce qui fait dire qu'il serait justement temps pour l'OMS de reconnaître l'urgence et l'importance pour la santé mondiale d'accueillir Taiwan en tant que membre de cette institution." 

Conséquence de l'absence de confinement, l'économie du pays n'a pas connu de récession et le PIB affiche pour 2020 une insolente croissance de 2,5%. La consommation a notamment été encouragée par des bons d'achat émis par le gouvernement et distribués à toute la population pour être dépensés dans les commerces locaux.

Lui écrire : vincent.rollet59@gmail.com

Avec des étudiants de l'Université Wenzao dans le sud de Taiwan; "L'île a commencé à fermer ses portes aux non-résidents peu après l'apparition de la pandémie fin janvier 2020" (VINCENT ROLLET)

Aller plus loin

"Politique étrangère de Taiwan et lutte contre les maladies transmissibles": le livre de Vincent Rollet aux éditions L'Harmattan

Wenzao Ursuline University, Kaohsiung, Taiwan 文藻外語大學

Jean Monnet Module on Environmental Health

French Centre for Research on Contemporary China (CEFC)法國現代中國研究中心台北分部  

Asian Health Literacy Association (AHLA) 

Son blog

Retrouvez cette chronique sur l'appli, le site et dans le magazine de la mobilité internationale "Français à l'étranger.fr"

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