Français du monde. Une clinique du droit à Montréal
En compagnie d'une enseignante, l'avocate française Karine Delvolvé, également présidente de l'UFE, a monté à l'université une permanence pour aider bénévolement les immigrants qui débarquent au Québec, souvent insuffisamment préparés.
L'avocate française Karine Delvolvé, également présidente de l'UFE, a monté à l'université une permanence pour aider bénévolement les immigrants qui débarquent au Québec
Elle s'est nourrie des galères de ses débuts à son arrivée en 2010. Karine Jolicoeur-Delvolvé suivait alors son mari québécois de retour à Montréal, après huit années passées en Europe. "On se pose beaucoup de questions, se souvient la Française, à 40 ans, on est tout à coup déraciné humainement et professionnellement. Il y a tout un temps d'adaptation, pour lequel je me suis fait aider par un coach."
Le Canada, c'est le pays de tous les possibles
Ici, on change de métier sans tabou. Karine, elle, est restée ce qu'elle était en France : avocate. Elle a prêté serment au barreau de Montréal. "On est dans deux cultures différentes, témoigne-t-elle. Ici, le droit a pour origine aussi bien la "common law" (système anglo-saxon, NDLR) que le droit latin et le code napoléonien tel qu'on le connaît en Europe, où le droit est scientifique dans les démarches. Au Canada, on va beaucoup négocier avant d'envisager une démarche devant les tribunaux."
Ainsi, lors d'un conflit familial, l'avocat propose ici la médiation familiale avant toute autre procédure. La plus grande erreur pour une mobilité, c'est de débarquer au Québec en pensant atterrir dans un petit bout de France : "C'est la même langue mais il y a des mots qui n'ont pas le même sens. Il faut lire, se cultiver, avant d'arriver. Le Québécois vit et consomme comme un Américain. Il travaille énormément, n'a que peu de vacances mais ne s'en plaint pas."
Karine Delvolvé rappelle aussi qu'il n'y a pas que Montréal où s'installer au Québec : "C'est assez occupé, voire saturé, alors qu'il y a d'autres villes très actives comme Trois-Rivières, Sherbrooke ou Québec, avec des possibilités d'emploi."
Consultations gratuites
Née à Toulouse, diplômée en droit, Karine Delvolvé a d'abord exercé comme avocate à Bruxelles avant Paris. A Montréal, elle a ouvert à l'université, avec une prof qu'elle a rencontrée en retournant aux études, une clinique juridique :
"On aide et on accompagne les immigrants professionnels étrangers, détaille-t-elle, à travers des consultations gratuites, en particulier ceux qui veulent intégrer un des 46 ordres d'infirmiers, de psychologues, de médecins… incontournables ici. Les gens ne savent souvent pas que ces métiers sont protégés et plus difficiles d'accès."
Ils viennent d'Amérique latine, de France ou de Belgique, et sont souvent ingénieurs ou comptables
Mère de deux enfants, Karine Delvolvé est aussi depuis deux ans présidente de l'UFE Montréal. L'association affiche une centaine de membres à qui elle propose des réunions sur les différents systèmes de retraite, la succession internationale ou la gestion de patrimoine. La famille habite sur l'île de Montréal, dans le quartier verdoyant d'Ahuntsic, au bord de l'eau. Ici, on vit en harmonie avec la nature : du ski l'hiver, des activités nautiques l'été. En septembre, la française disputera une course du marathon de Montréal.
Aller plus loin
Retrouvez ce portrait dans la Voix de France, le magazine de l'UFE
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