Pionnier dans les produits fins français en Irlande
Lorsque Marc débarque en Irlande en 1987, il découvre un pays à la
traîne, avec 20% de chômage et des jeunes qui partent chercher fortune en
Angleterre, en Australie ou aux États-Unis après leurs études. Fils d'ouvriers à
la retraite, grandi à Flers, dans l'Orne, le jeune homme venait alors à Dublin
apprendre l'anglais. Avec pour seul bagage un CAP cuisinier, il devient vite
responsable des achats du meilleur restaurant de l'époque. "On ne
trouvait rien , se souvient Marc, le marché, c'était juste des
pommes de terre, des carottes et des choux, même les laitues étaient
importées !" Du coup, l'idée lui vient de monter sa société pour faire venir
de France des produits, et les proposer aux restaurateurs. Il commence par des
foies gras et des magrets de canards qu'il stocke dans le petit réfrigérateur de
son appartement, et que son épouse livre dans le coffre de sa voiture
l'après-midi.
25 ans plus tard, "La Rousse Foods" emploie 72 personnes (31
de moins qu'en 2008, la crise est passée par là), et approvisionne 1.300
restaurants d'Irlande. 6 jours sur 7, 25 camions réfrigérés livrent les grandes
villes du pays (jusqu'à Belfast). La gamme s'est étoffée, La Rousse Foods
propose désormais aussi des herbes aromatiques, des légumes spéciaux, des
canards de Barbarie, des pintades, des cailles ou du chocolat. "Nos clients nous demandent sans cesse de nouveaux produits qu'ils
ont vu ailleurs ou dont ils ont entendu parler lors de leurs voyages. Cela donne
des combinaisons sympathiques : une base européenne avec des composants
asiatiques ou indiens" , explique Marc, qui s'approvisionne trois fois par
semaine à Rungis où la société a un dépôt. Le stockage et la préparation des
commandes en Irlande sont, en revanche, désormais sous-traités.
Au départ, il a surtout fallu éduquer les restaurateurs. Le
Français se targue d'avoir, le premier, proposé en Irlande des volailles élevées
en plein air. Elles sont devenues aujourd'hui incontournables dans le pays.
Parfois, Marc était trop en avance, comme pour ces six palettes de chocolat
Valrhona qu'il a dû jeter : le goût était trop fort pour l'Irlande et personne
n'en voulait, même gratuitement. Le Français savoure aussi l'anecdote de "ce restaurateur, très côté, à qui il a fallu expliquer qu'il serait
mieux de cuire son foie gras dans une poêle plutôt qu'à la friteuse, pour lui
éviter de réduire. Certes, ses frites étaient les meilleures de
Dublin !"
Pour tenter de passer au travers de la récession, Marc Amand joue
la diversification : il propose désormais une gamme de vins et alcools du monde,
et compte développer ses ventes en ligne, pour les particuliers. Reste que la
crise aura au moins eu deux effets positifs, constate Marc : "le
prix des menus a baissé... et le personnel est devenu beaucoup plus aimable et
professionnel..."
Aller plus loin
Sa société Larousse Foods, à Dublin
Approch
People, spécialiste du recrutement de Français à Dublin
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