Transports publics : le Sénégal passe à l'électrique
Ce chantier phare vise à désengorger les axes de la capitale sénégalaise, et rendre plus faciles les déplacements entre la banlieue et le centre-ville. Les travaux ont commencé fin 2019. Ils ont pris un peu de retard à cause du Covid et de quelques manifestations qui ont généré des casses. Le projet concerne un tracé en site propre, desservant 23 stations. La durée du trajet le plus long passera d’une heure et demie à 45 minutes.
"Le projet se développe du nord-est de la presqu'île jusqu’à quasiment l'hypercentre de Dakar, près du Plateau, détaille le chef de mission, David Peltre, architecte-ingénieur originaire de Nancy, qui travaille pour la société Ingerop, maître d'oeuvre de l’opération. Ce sont 18 kilomètres qui traversent les quartiers les plus denses de la cité, ce qui donne tout de suite des perspectives assez étourdissantes en termes de fréquentation, puisque les projections, fourchette basse, sont de 300.000 passagers par jour, à la mise en service."
Ce "corridor" s’inscrit dans la ville de Dakar en intégrant également les modes de déplacement doux, piétons et vélos, le tout accompagné d’un aménagement paysager continu. Ce bus en site propre vient renforcer le train express régional, inauguré en 2021. Les deux systèmes visent à être interconnectés prochainement par 32 nouvelles lignes de bus de rabattement et ainsi largement contribuer à faire disparaître les embouteillages qui paralysent Dakar.
"On était, il n'y a pas encore si longtemps à Dakar, à cinq millions d'habitants, poursuit David Peltre. On atteindra rapidement ici les sept millions d'habitants, avec une densification qui va avoir lieu par verticalisation de la ville eu égard à l’impossibilité de s’étaler davantage, puisque les immeubles ne sont actuellement pas très hauts. Donc il y aura beaucoup d'habitants en plus chaque année. Le taux de motorisation est également assez faible, mais la progression est fulgurante, donc il faut que les transports de masse prennent le relais très vite."
Une première mondiale
Complètement électriques, les 121 bus fonctionnent sur batteries, bientôt rechargées grâce à une énergie propre. "Les 23 stations sont déjà entièrement alimentées à l'énergie solaire, assure le Français. Les bus, à terme, vont l'être aussi. Aujourd'hui, ils sont sur des bornes de recharge classiques, mais à l'horizon d'un an, il y a l'objectif de les alimenter entièrement à travers un projet de ferme solaire."
Le projet a généré la création d’un millier d’emplois directs. Le budget est financé pour partie par l’AFD, l’Agence française de développement, notamment pour le matériel roulant. C’est aussi un groupement dont les Français sont partie prenante (Meridiam et Fonsis – fond souverain d’investissements stratégiques du Sénégal), qui a décroché pour quinze ans la concession des nouveaux bus.
"Les lignes étaient très anciennes et quelques fois même informelles, constate David Peltre. Ce sont des matériels roulants qui sont globalement très vétustes. C'est une époque charnière qui est en train de se dérouler, un grand changement de paradigme dans les habitudes de déplacement. On va vraiment vers l'intermodalité moderne, avec des matériels à la pointe de la technologie, parce que ce sont des bus 100% électriques. On est vraiment aujourd'hui sur un renouvellement complet et désormais bien planifié des transports au Sénégal."
La société à laquelle appartient David Peltre travaille sur d'autres grands projets comme le BRT (bus rapid transit, en anglais) et le métro d'Abidjan, en Côte d’Ivoire, ou encore à Marrakech et Casablanca au Maroc.
Aller plus loin
Le CETUD, le Conseil exécutif des transports urbains durables de Dakar
Ingerop, groupe d'ingénierie et de conseil
Retrouvez cette chronique sur l'appli, le site internet et dans le magazine de la mobilité internationale "Français à l'étranger.fr"
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