1914-1918, franceinfo y était. 10 novembre 1920 : Un soldat inconnu, témoin de l'horreur
Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "Un soldat inconnu, témoin de l'horreur".
On ne sait pas qui il est, ni où et comment il est mort. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il est mort pour la France, quelque part sur le front, un jour de l’une de ces quatre terribles années de guerre. Le soldat inconnu vient d’être choisi au hasard parmi huit dépouilles. Il a commencé son voyage vers l’arc de triomphe de l’Étoile à Paris, sous le lequel il sera inhumé. Il sera le témoin sans voix du sacrifice de tous ceux qui ne sont pas revenus et qui nous manquent. Antoine Krempf, vous vous trouvez à Verdun. Comment la cérémonie s’est-elle déroulée ?
Le cercueil est sorti il y a maintenant quelques minutes de la chapelle ardente aménagée dans la citadelle de Verdun. Les cloches de la ville sonnent à toute volée, l’affût de canon de 75 millimètres sur lequel repose le corps défile maintenant dans les rues. L’atmosphère est très solennelle. Le visage fermé, le fusil baissé, des dizaines de soldats accompagnent le cercueil recouvert d’un drapeau français. Et derrière, on aperçoit l’imposante silhouette d’André Maginot, le ministre des Pensions ; il marche aux côtés de veuves, de mutilés et de vétérans de 1870. Et puis le long de ce convoi funèbre, il y a des centaines d’habitants, des anonymes venus rendre un dernier hommage à ce soldat inconnu. La plupart sont habillés en noir. Mais ce qui frappe ici, c’est l’émotion, le silence et l’attention qui pèsent sur cette cérémonie. Tout à l’heure, une femme en pleurs, visiblement en deuil, a traversé la foule pour aller embrasser le cercueil.
Huit corps ont été acheminés jusqu’à Verdun. Comment a été choisi le soldat inconnu ?
C’est dans l’une des casemates de cette citadelle – une petite pièce de 30 mètres sur 5 transformée en chapelle ardente – qu’ont été installés les cercueils. De nombreuses vierges et des drapeaux tricolores y ont été déposés. Des branches de sapin ont été accrochées au mur. André Maginot est arrivé là vers 15 heures. Le ministre s’est recueilli devant les cercueils avant de tendre un bouquet de fleurs à Auguste Thin, le caporal désigné pour choisir celui qui reposera dès demain sous l’Arc de triomphe.
Après avoir fait le tour de la pièce, le jeune homme a déposé le bouquet sur le sixième cercueil, façon de rendre hommage à son régiment, le 132e, car six est la somme des chiffres 1,3 et 2. Le soldat inconnu a donc été choisi, celui dont le sacrifice anonyme et le courage surhumain ont sauvé la patrie, le droit et la liberté ; pour reprendre les mots du ministre André Maginot.
Le cercueil devrait arriver dans la nuit à Paris, avant d’accompagner demain Gambetta jusqu’au Panthéon, puis sous l’Arc de triomphe, tombeau visible de tous pour ne jamais oublier.
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